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02/04/2018

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bernard

Bonjour Isabelle

Éternel dilemme, « faite ce que je dis pas ce que je fais ». Nous sommes parfois dans le mythe que ceux sont les autres qui polluent et que le peu que l'on fait n'est pas si grave.
A ma manière et à ma petite échelle, j'essaie aussi de me mettre en accord avec mes principes écolos.
je suis redevenu végétarien, (1kg de soja nourri une personne quand il en faut 4 à 5 fois plus pour nourrir une vache, qui sera mangée après avoir gaspillé beaucoup de pétrole dans le transport, l'emballage...)
Malheureusement, de par mon boulot je suis amené à voyager et ma consommation de Kérozène explose.
Devrais je changer de boulot ? C'est une vraie question que je me pose.
Le passage à l'acte n'est pas si simple, il faut accepter de perdre quelque chose (en tout cas notre égo souffre de cette perte), que ce soit un peu de confort ou/et de sécurité. Pour compenser ces pertes, il faut trouver une récompense morale, soit par un engagement fort dans une cause, soit par une prise de conscience individuelle, ce qui rend ces changements légitimes à nos yeux.
Bref, ceux sont les millions de gouttes d'eau qui constituent un fleuve et tant que nous (les gouttes d'eau) n'auront pas changé nos façons de faire et d'être, le fleuve restera ce qu'il est, pollué!
La question suivante est, mais quel sens ça a de vouloir être la petite goutte d'eau propre si toutes les autres ne le sont pas ? à chacun de trouver sa réponse.

Amicalement.
Bernard

isabelle

Bonjour Bernard,

Merci de ce partage de réflexions. Il ne me semble pas que je parle du syndrome “faites ce que je dis, pas ce que je fais” à moins qu'il ne s’agisse de moi-même comme coupable de ce travers!

J’ai été frappée par les incohérences internes à ces deux projets de voyage. Il peut s’agir en effet de difficultés à mettre en accord ses principes et sa vie. Mais il peut aussi s’agir de “zones aveugles” des aspects qu'on ne voit pas du tout.

En ce qui concerne ce que l'on perd dans le passage à l'acte de remise en cohérence, il y a ce que l'on perd ou plutôt ce à quoi l'on renonce (adieu océan pacifique? en ce qui me concerne) mais il y a aussi , et peut-être surtout, ce que nos proches, notre entourage, va perdre dans ce passage à l'acte. (mon homme perd une compagne de grand voyage à la voile si je renonce à prendre l'avion sans renoncer à une proximité avec mes enfants restés en france)

Quand au sens de la goutte d’eau qui veut rester propre toute seule, ça pourrait faire l'objet d'une autre note…. en réfléchissant sur moi-même plutôt que sur les autres !

Amicalement
Isabelle

Steph

Fort intéressant que de se (re)mettre sous le nez nos incohérences. Et ce n'est pas parce que la perfection n'existe pas qu'il ne faut pas chercher chaque jour à être un petit peu moins incohérent : c'est un travail sur soi hautement utile.

«Dans une avalanche, aucun flocon ne se sent responsable». A l'interrogation "quel sens ça a de vouloir être la petite goutte d'eau propre si toutes les autres ne le sont pas ?", une réponse serait peut-être : de ne pas porter sur soi la même opinion que l'on a sur ces autres "gouttes si sales".

Devinez qui a dit «Sois le changement que tu veux voir dans le monde» : c'est loin d'être farfelu ou "hippie-ste".

Concernant les "pourquoi voyageons-nous ? Pourquoi voyagent-ils ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi en voilier ? Pourquoi ici dans les canaux de Patagonie ? Comment ce voyage s'insère-t'il dans chaque histoire de vie ?", une jolie réponse sortie tout droit d'un beau livre pourrait être «Pour partir à la rencontre de soi-même» (certains rajouteront «c'est sous la pression que les diamants se révèlent»).
N'ayant pas fait de longs voyages, cette liste d'interrogations m'anime beaucoup... A se demander si la réponse (si tant est qu'elle existe) n'arrivera pas seulement quand la boucle sera bouclée

L'autre interrogation (et si Isabelle ou autres longs navigateurs pourraient me répondre ce serait super) est : Dans un tel programme au long cours, est-il envisageable de concevoir une longue navigation avec un autre type de voilier ? Un voilier bien plus léger (avec beaucoup moins de confort), plus toilé, non pas pour faire la course mais qui puisse avancer même par petit temps (tout en pouvant vivre du gros temps) au point (et surtout dans le but!) qu'on utilisera rarement le moteur ?

Au plaisir de vous lire.

isabelle

Bonjour Stephane,

Merci pour cette réflexion partagée et désolée pour mon délai de réponse.

Il y a certainement plusieurs niveaux de pourquoi. Les raisons qu’on se donne pour larguer les amarres, la logique sur laquelle on construit le projet, la justification, celle qu'on expose à la face du monde (ce sont ces raisons-là que je “discute” dans ma note en qualifiant certains projets de "contresens”) et d’autres, plus souterraines, plus intimes. J’aime beaucoup l’idée que le pourquoi du voyage ne se révèlerait qu’à la fin. Peut-être voyageons nous, quelque part, pour savoir ce que ça fait de voyager, pour voir comment cela nous transforme.

Quand à l’autre interrogation, celle sur le bateau, elle me laisse un peu perplexe. Quelle idée vous faites-vous de notre bateau pour avoir envie de “bien plus léger avec encore moins de confort” ? Notre bateau est déjà très petit pour du grand voyage a deux et à plus de cinquante ans (moins de 10m) et comme nous ne sommes pas pressés, nous utilisons très peu le moteur (sauf dans Magellan d’Est en Ouest). Tout est possible, selon son niveau d’expérience, son courage (ou sa folie) et sa résistance (donc aussi un peu sa forme physique et son âge) et surtout selon son “pourquoi" . Quelle serait la part de défi physique dans vos motivations au voyage ?

Bien amicalement
Isabelle

Steph

Bonjour Isabelle,

Aucun problème pour le "délai de réponse", vous êtes en grand voyage je comprends très bien, je m'attendais même à une réponse plus tardive.

Concernant le pourquoi d'un grand voyage en voilier, celui qu'on "expose à la face du monde", notre société étant elle même bourrée d'incohérences (chacun de nous tous également), il y a donc de fortes probabilités pour que le "pourquoi qu'on expose à la face du monde" ait quelques (beaucoup?) incohérences également. L'exemple que vous avez donné sur ce "couple de jeunes professionnels de la protection de la nature" le démontre très bien.
Du coup, j'ai la sensation que cette réflexion déborde bien au-delà du grand voyage en voilier.

Depuis un peu moins de 8 ans, je m'efforce d'être cohérent (alimentation, mode de vie, etc etc) : une immense remise en question et gros chamboulement (progressif) d'absolument tout dans mon quotidien. 8 ans, c'est peu et beaucoup à la fois, j'ai mon petit recul personnel sur le sujet : la cohérence "parfaite" ne sera jamais atteinte, ce n'est pas possible car notre société repose justement sur l'incohérence et sur l'exploitation tout azimut, y compris de la nature laquelle nous permet de vivre. Ainsi, plutôt que de m'auto-flageler 7j/7, je fais en sorte de travailler sur moi à être moins incohérent, chaque jour un peu "moins mauvais" que la veille. Ca ne fera pas de moi un "saint", par contre l'image que j'ai de tous ces pollueurs eh bien je peux m'estimer en faire "moins" partie qu'avant.

Si on devait transposer cela à votre réflexion sur le grand voyage en voilier ...
Simple supposition de ma part, peut-être que notre culture nous a un peut trop forgé notre esprit à voir/regarder/chercher le "but", l'objectif, la finalité. Ainsi, on expose à la face du monde (j'aime bien la formulation ;-) ) que la raison de ce grand voyage, notre but, la finalité, c'est "XYZ".
Dans d'autres cultures, il se dit que l'intérêt/le bonheur/etc n'est pas au bout du chemin mais le long du chemin. Ainsi, on pourrait reformuler le "je vais revenir avec un film des habitants des ports du monde" (avec le fort probable burn-out que vous parliez) en «je vais aller rencontrer ces populations dans les autres ports ... et à ce moment là je saurai».

Concernant votre bateau, je reconnais avoir eu un préjugé : ce n'est pas bien. Ma question sous-entendait une autonomie en carburant de 40NM maximum, et l'idée que je me fais des voiliers usuellement utilisés pour les grands voyages c'est qu'ils ont une largement plus grande autonomie en carburant.

isabelle

@ Stephane,

Bien sûr que ma réflexion déborde le voyage en bateau ! Bien sûr que c'est la conduite de nos vies en général que je tente d'interpeller à travers ces coups de zoom sur des sujets que je maitrise un peu mieux que d'autres... ravie de constater que ça se voit ! ;-)

Mon intention, à travers ce blog est justement de partager mon modeste cheminement vers plus de cohérence, sans programme ni destination prédéterminée. Je suis bien curieuse, du coup, d'en savoir plus sur les errements parallèles d'autres mini-transitionneurs. Si jamais vous écrivez quelque chose sur votre propre aventure, ça m'intéresse!

Quand au bateau et à sa réserve de carburant, m'est avis qu'il ne faut pas confondre autonomie et consommation effective. C'est en réalité au moment où on allume le moteur qu'on brûle du bilan carbone, pas au moment où on fait le plein! Transporter par propulsion vélique cent litres de carburant de réserve ne consomme qu'un tout petit peu plus de vent qu'en transporter quarante litres...
De fait, nous avons croisé un équipage anglais très motivé par la limitation de son emprunte carbone et qui, malgré la taille de son bateau (15 ou 16m) ont un étonnant jusqu'auboutisme de voileux, bien au delà du nôtre. Le secret, c'est de prendre le temps.

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