Avec chacun une expérience de la navigation côtière et hauturière, au poste d’équipier et au poste de skipper, la question s’est posée dès qu’on a voulu naviguer ensemble : comment partager le rôle de skipper ?
En réalité, non : pas tout à fait dès qu’on a navigué ensemble… En réalité, ça s’est passé par étapes.La toute première fois, Ariel est venu sur mon bateau, un 35 pieds de location, et la question ne se posait même pas : il voulait voir comment navigue un « marin génétiquement programmé », et j’ignorais encore l’étendue de son expérience, j’avais donc naturellement le rôle de skipper.
La seconde fois, c’était à l’occasion d’une petite navigation à la journée sur les côtes bretonnes, une petite navigation toute simple … mais, faute de désignation spécifique d’un skipper, nous avons méchamment talonné en dehors d’un chenal ! Nous nous sommes alors promis que « jamais plus » il n’y aurait une minute à bord sans un skipper en charge.
La troisième fois, j’ai embarqué sur un bateau loué par Ariel déjà depuis 15 jours, et sur lequel il avait navigué avec ses potes, il avait donc l’avantage du terrain. Nous avons débattu de la meilleure organisation et adopté une rotation du rôle par trajet :
- tu skippes de Canet aux Baléares, ça me laisse le temps de découvrir le bateau, je skipperai le trajet retour.
Ca m’a posé un problème épineux : devoir réveiller mon skipper pour envisager un changement de voilure. C’était convenu comme ça mais ça ne s’est pas révélé facile.
- Heu… chéri…. Tu veux bien émerger deux minutes ?
- hummmm ?
- j’envisage de relâcher un ou deux ris,… objection ?
- hummm ?... attend que j’évalue la situation.
- He ! ho ! tu crois pas que j’ai pu l’évaluer, déjà, la situation ?
Je me sens un peu agacée. Coincée entre la règle convenue et ma fierté de navigatrice. Au fond, je veux juste le prévenir que je vais rendre de la toile, pour qu’il n’émerge pas brutalement de son sommeil en sentant un changement dans les mouvements du bateau. Il faudra, me dis-je, inventer un système de partage du skippage qui tienne compte des compétences de chacun.
Et puis, nous avons acheté notre jurançon en copropriété, à 50% chacun.
Pendant les premières navigations sur Skol, c’est autre chose qui s’installe : un partage plus complet de toutes les décisions et de toutes les responsabilités. On fait la navigation à deux, voire en double, toutes les manœuvres à deux, on prend toutes les décisions ensemble. Ce sont nos premières navigations de « propriétaires » et peut-être que chacun cherche à jouir au mieux de ce nouvel état … les trajets sont côtiers, courts et tranquilles coté météo, donc la question du sommeil n’a pas vraiment le temps de se poser, on roule sur les réserves en grappillant une sieste ici ou là.
Pendant cette période, la seule activité dans laquelle un différentiel s’est installé et existe encore, c’est celui des manœuvres au port. J’en parle, parce que l’assymétrie classique des manœuvres de port, c’est « monsieur à la barre et madame aux aussières ». Alors que chez nous, c’est plutôt l’inverse : si je ne le pousse pas un peu du coude, Ariel me laisse la barre. Non qu’il manœuvre moins bien que moi, au contraire, mais que le coût nerveux pour lui est largement supérieur au mien.
Pour la hauturière, la question du sommeil a refait surface. Tout naturellement l’évidence s’installe : en raison de la confiance que nous avons chacun envers les compétences de l’autre, celui qui skippe, c’est celui qui est de quart. Plus réaliste que le double skipper permanent, qui ne permet pas de dormir vraiment, plus respectueux que le skipper par trajet qui met l’un en subordination de l’autre. Même si la pratique est un peu plus difficile que la théorie….
Bonjour,
Nous nous intéressons au Juracon car nous sommes en train d'essayer d'en acquérir un.
Il se nome Shackelton et est basé à Auray.
Nous voudrions avoir un échange avec un quelqu'un qui a une expérience de ce bateau.
Bravo et merci pour votre blog.
Amicalement
Vincent
Rédigé par : Vincent Huré | 07 mars 2012 à 09:55
Bonjour, Vincent, merci pour les compliments !
Nous sommes disponible pour des échanges à propos du Jurançon, et si vous êtes à proximité d'Auray dans la seconde quinzaine de mars, le port d'attache de Skol est Lorient et nous serons à bord pendant 10 jours.
Shackelton.... un nom chargé d'histoires, de projets ou de rêves.
Rédigé par : Skol | 07 mars 2012 à 22:21
vous ètes magnifiques, et vos voyages et vos histoires tout pareils, merci pour votre prose poétique et à bientot sur les flots !
Bruno
de "Moscatel"
Rédigé par : bruno | 01 décembre 2012 à 11:47
Merci Bruno, compliments reçus et savourés... nos sillages se croiseront sans doute un jour pour un verre de Romanée et un verre de Jurançon.
Rédigé par : Skol | 10 décembre 2012 à 00:40