(Cet article a été initialement rédigé pour la revue "Sauvetage" de la SNSM.)
Quand on pense au sauvetage d’urgence on ne s’imagine pas
que cela puisse arriver à chacun d’entre-nous. Voici une expérience que nous
aurions bien voulu éviter de vivre, et qui nous a donné l’occasion de découvrir
et de voir à l’œuvre différents services de la sécurité civile et particulièrement
les bénévoles de SNSM. Je vous narre cette épreuve en tant que naufragé,
et suis touché, admiratif et plus que reconnaissant pour leur implication dans
cette intervention.
ACTE I. Le naufrage. Appel des secours.
Par une nuit sans lune et un fort vent de nordest (30 nœuds),
je suis avec deux amis sur Skol, faisant route vers Port-Joinville depuis la
Rochelle pour une navigation de printemps. Face à nous, une mer chaotique, des
vagues courtes et acérées et un vent qui souffle en rafales. Nous sommes assommés par
le mal de mer depuis plusieurs heures quand notre voilier heurte violemment des
rochers au nord-est de l’île d’Yeu. Le vent et la mer portent à la côte et nous
poussent rapidement plus loin sur le dur. Très vite, après une succession de
chocs brutaux, le bateau s’immobilise dans les rochers. La dérive relevable est
coincée en position basse. Pas de blessés, pas de voie d’eau. Je n’ai pas l’impression
que nos vies soient menacées. Je lance un appel de détresse sur le canal 16. Reçu
immédiatement par le Cross Etel.
ACTE II. Le sauvetage de l’équipage. Première estimation des
dégâts dans la nuit.
A peine le
temps d’affaler les voiles et de ranger un peu à bord le désordre causé par les
multiples chocs (une demi-heure après le premier appel à l’aide), des faisceaux
lumineux apparaissent partout autour de nous; intervention rapide, par la terre
et par la mer, conjointe et efficace de la gendarmerie, des pompiers et des bénévoles
de la Société Nationale de Sauvetage en Mer (S.N.S.M.).
Un pompier
rejoint Skol à pied et nous fait descendre sur de grands blocs de pierres
bordant une plage… “Maman les p’tits bateaux qui vont sur l’eau ont-ils des
jambes ?!"
Les
Gendarmes nous prennent en charge et nous accompagnent jusqu’à Port Joinville.
Les bénévoles de la SNSM se rendent sur le lieu de l’échouage, au plus près du
voilier, pour évaluer la situation. Je désire être associé aux opérations de
sauvetage de Skol et suis mis en contact avec Monsieur Ricolleau, président de
la station des Sauveteurs en Mer de l’île d’Yeu. Il me demande l’autorisation
pour tenter de déséchouer notre bateau et ne me cache pas son pessimisme sur
les chances de succès d’une telle opération au vu de la configuration du
naufrage. En effet, Skol a été porté par les vagues au sommet du récif tel l’arche
de Noé sur le Mont Ararat et c’est un hélicoptère gros porteur qu’il faudrait
pour le dégager de là! Nous
rejoignons rapidement le poste de commandement des pompiers de Port Joinville.
25 personnes environ, canotiers bénévoles de la SNSM et pompiers, dont un
plongeur, tous en tenues d’intervention, attendent le feu vert du président de
la station des Sauveteurs en Mer pour passer à l’action.
ACTE III. Tentative de déséchouage par la plage.
Toute l’équipe est sur la plage avec un quad et une jeep
pour acheminer le groupe électrogène et de puissants éclairages pour illuminer
la zone d’opération, et tenter de mieux distinguer notre voilier échoué dans la
nuit noire. L’idée est d’aller attacher par la terre une amarre au bateau et d’envoyer
cette amarre au moyen d’une fusée loin vers la mer afin d’y être récupérée par
un zodiac puis un canot qui tirerait dessus pour essayer de remettre le voilier
à l’eau! Basse Mer. Toute l’équipe de sauveteurs se concerte sur la plage, les
pieds dans l’eau. Le vent souffle jusqu’à 38 nœuds.
Il ne reste que très peu d’eau autour du navire. .../ ...
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