La mer du nord est réputée mauvaise, ses vagues ne prennent pas la forme ample de la houle atlantique, elle se lèvent vite sous l’effet du vent et prennent des formes escarpées et désordonnées, en partie du fait des faibles profondeurs. Un vent de 25 à 30 nœuds, tout à fait maniable pour Skol en temps ordinaires s’est traduit pour nous par 20 heures de mer dure et de nausées permanente, au bout desquelles, n’en voyant pas la fin, nous avons choisi de lever le pied. Pause ? Du moins cessons de cingler à pleine vitesse vers le nord, cessons de taper dans les vagues et d’accentuer les mouvements du shaker. C’est la cape, ou plutôt la demie cape, car nous affalons simplement le foc et laissons Barkaï, le régulateur d’allure, se débrouiller avec la grand-voile seule, réduite au 3ème ris. Le bateau ne tape plus, il dandine encore beaucoup mais il « bouchonne » bien et encaisse quelques déferlantes sans trop broncher. La nuit passe, le temps que le vent se calme, puis la mer. On arrive à mieux dormir, et on fait tout de même route vers le nord à 2 nœuds, ce qui ne serait pas le cas avec une vraie cape.
Cette capacité de Skol à rester tranquille sous grand-voile seule par gros temps et mer agitée est une heureuse confirmation. Nous en avions eu des indices déjà depuis quelques années que nos changements de foc se passent si bien par tous temps, car chaque changement de foc implique quelques minutes justement sous grand-voile seule, et à chaque fois, le régulateur d’allure maintient aisément le bateau en route ralentie. Il manquait juste la vérification que cette option fonctionne dans la durée. Et puis nous nous étions promis, après les dépressions sur la route des Açores en 2008, la difficile traversée du Golfe de Gascogne en 2009 et l’accident en 2010, d’apprendre à calmer le jeu avant de nous sentir en danger. Juste pour nous ménager. Utile apprentissage pour les navigations futures…
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