Ambiance de chantier, de nouveau à bord. L'aluminium à nu sur tout le pourtour du roof, sous nos yeux en permanence. Nous n'aimons pas avoir une vue directe sur l'aluminium à l'intérieur du bateau. Ca nous rappelle des heures sombres, lorsque tous les aménagements intérieurs du flanc bâbord avaient été retirés pour permettre aux chaudronniers de travailler sur la coque abîmée. Tous les matins, les reflets argentés de la lumière sur l'alu nous rappellent au boulot qui nous attend. Perçage, découpe, limage, ponçage, rabotage, sur plexiglas et sur bois. Le plexiglas que nous travaillons est neuf, puisque nous remplaçons les hublots du roof. Le bois que nous travaillons est ancien, puisque nous voulons remettre en place, après légère modification, ces boiseries noueuses et patinées que nous aimons tant. Par chance, les dégâts faits à ces boiseries au démontage ont été minimes. Nous ne serons pas contraints de nous rabattre sur une solution moins plaisante à nos yeux, comme le contreplaqué peint, plus impersonnel, ou les services coûteux d'un menuisier pour restaurer ou refabriquer à l'identique.
Le choix que nous avons fait, de conduire nous-mêmes ce projet, nous oblige à faire connaissance avec cette matière plexi que nous n'avons encore jamais travaillée, ni l'un ni l'autre. Nous avions pu observer des professionnels le faire, et ça semblait maniable. Beaucoup d'avis et conseils étaient disponibles, oralement et sur la toile, sur les spécificité de cette matière: les types de lames et forets adaptés, les vitesses de coupe, le problème de l'échauffement, qu'il faut combattre parce qu'il fragilise le matériau en profondeur. Forts de ce savoir sur les points-clefs à surveiller, nous relayons aux deux rôles, celui qui manie la perceuse ou la scie sauteuse avec doigté, et celui qui refroidit le tranchant de l'outil d'un jet d'eau propulsé par une énorme seringue. Ariel déteste les machines électroportatives qu'il considère comme agressives, contondantes et faillibles avant d'être des moyens de production optimisés comme on dit, mais moi j'aime beaucoup travailler ainsi la matière, voir le copeau de perçage sortir en tortillon interminable, lorsque les conditions de coupe sont bonnes, faire rugir le rabot quelques secondes en taillant un chanfrein sur les bord , gniaaaaaaarrrrrrrrrggggggg !!! Une explication possible de ces différences entre nous, est que j'ai grandi avec deux parents qui bricolaient ce qui n'a pas été le cas d'Ariel.
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