A 42 jours de notre départ théorique, à 42 jours de cette date arbitraire à laquelle on s’accrochait pour organiser nos préparatifs, Albert, le papa d’Ariel, a largué les amarres pour son dernier voyage.
En plus de la tristesse insondable de la perte d'un parent cher, se pose encore une fois la question d’oser partir quand nos proches ont besoin de nous. Nos mères ont besoin de nous. L’une se bagarre contre un mauvais crustacé qu’elle mate à force de volonté et qu'elle étouffe dans tissu serré d’amitiés, l’autre fait face au vertige de la solitude après 58 ans de vie en symbiose ininterrompue.
La questions s'est posée autrement et à d'autres moments pour mes enfants, qui ont oscillé au fil des saisons entre le soutien enthousiaste au projet de voyage, dont il comprennent la dimension existentielle pour nous et la protestation modérée à très agitée lorsque les épreuves futures de leurs propres vies leurs semblaient insurmontables sans une maman à portée de main.
Le grand voyage en bateau, pour certains, est une fuite. Pour nous, il n'est pas question de fuir et encore moins de fuir ces responsabilités-là. Alors comment faire ?
Bien entendu, il y a les moyens modernes de communication. Evidemment, tout le monde est progressivement équipé d'un logiciel de télécomunication par internet. Of course, le téléphone satellite fait de nous des navigateurs joi-gna-bles, même en pleine mer. Mais rien ne remplace une vraie proximité physique, la certitude de pouvoir sauter dans un train et être là quelques heures plus tard, en cas de besoin pressant. Ou de bouffée d'affection à donner ou à recevoir.
Notre compte à rebours est resté suspendu un moment, comme lorsqu'une alerte majeure est déclenchée avant le lancement d'une navette spatiale à Cap Canaveral ou d'une fusée à Kourou. La planification et budgetisation de retours périodiques en avion se révèle de plus en plus indispensable. Prendre la mer sans pour autant abandonner ceux qu'on aime, c'est aussi pouvoir dire : nous revenons dans 6 mois ou plus tôt si nécessaire. N'hésite pas à me rappeler. Ce voyage peut s'interrompre à tout moment.
Triste nouvelle, je vous souhaite sincèrement de trouver le bonheur dans l'accomplissement de votre joli projet. Bon vent à vous deux.
Ba suba ak jam, baax tukki !
JLT67
Rédigé par : JLT67 | 04 avril 2014 à 07:28
quelle tristesse...cette période de préparation paraît bien difficile et questionne en profondeur sur les réponses théoriques que l'on peut s'imaginer lors de la décision d'un grand voyage....
Courage...
Patricia
Rédigé par : Jeluga | 08 avril 2014 à 14:29
@Jean-Louis : jërëjëf !
@ Patricia : la réalité n'est jamais semblable au projet et les réponses théoriques ne sont pas celles qui émergent finalement.
Rédigé par : Isabelle | 10 avril 2014 à 19:35