Derniers jours d'août, l'hiver va prendre fin, il est temps de repartir, de mettre un terme à notre exploration des recoins de la Baia de Ilha Grande, dans lesquels nous avons planté notre ancre tant de fois, une plage paradisiaque après l'autre. Voici la vingtième, minuscule et à l'eau turquoise (1). Ultime baignade plaisir (2). Une dernière fois je me glisse dans l'eau où je retrouve la nuée des poissons grignoteurs, ceux qui picorent les petites algues de notre coque, et qui se ruent en grand nombre sur le moindre bout de pain, la moindre épluchure qu'on jette du bord. La pyramide orange d'une énorme étoile de mer est posée sur le sable, cinq mètres plus bas. Plus loin, je longe les récifs couverts de corail et d'anémones, contemplant et dénombrant les espèces de poisson exotiques dont j'ignore le nom. Des jaune et noir, des violets timides, les tous longs au nez interminable, et d'autres dansant la danse des sept voiles avec leurs nageoires mouchetées. Ariel, qui s'est baigné avant moi et regarde le « lagon » depuis le pont, me désigne un banc dense au milieu duquel je vais nager, déformant du bout des doigts leur trajectoire synchronisée, dans une tentative jamais fructueuse de les toucher. Ils ne partent pas loin, ils se maintiennent juste à quelques centimètres de mes mains. Je savoure ces derniers instants de solitude dans le silence de la mer.
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Pour prendre la photo du paradis, il faut un cadrage au millimètre, escamotant les vedettes à moteur qui ont également choisi cette anse ce jour-là. Pour savourer cet instant de paradis exotique, il faut faire un peu de gymnastique mentale, pour oublier l'odeur de barbecue notamment. Sous l'eau, ça va mieux.
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Dernier usage ludique du masque et des palmes. Pour les dix-huit prochains mois, dans les eaux froides à très froides vers lesquelles nous nous dirigeons, je ne plongerai qu'en cas de sérieuse nécessité, comme un cordage pris dans l'hélice.
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