Traversant la plage interminable, je regarde l'Océan Pacifique qui gronde et s'écrase en rouleaux tordus et sans cesse renouvelés sur cette rive ouest de l'île de Chiloé. Insensiblement, mes pas s'engagent dans une brume de sable semblant flotter à quelques centimètres du sol. Particules légères arrachées par un vent vigoureux. Vapeur mystérieuse, comme un souffle qui halète au rythme lent des altérations du zéphyr.
Ma propre respiration en suspens, je fais signe à Ariel. Regarde comme c'est beau, quand ton regard s'éloigne et que la lumière joue avec les grains de poussière. Dans le vacarme de l'océan, il ne m'entend pas mais mon geste a suffit.
Quelques secondes plus tard, c'est fini. La force du vent ne parvient plus à vaporiser le sol, à le soulever de quelques centimètres. La fugacité du phénomène nous émeut. Instants magiques, cadeaux enchanteurs de la nature.
Au bout de cette plage, nous l'apprendrons le lendemain, se trouve un site connu par les légendes locales pour être celui de l'envol des âmes, vers l'au-delà. Ici, ce n'est pas une rivière que les esprits des défunts doivent franchir pour trouver le repos mais l'infini d'un océan.
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