Après quatre mois et demi d'hivernage à Chiloé - notre second hivers dans ces eaux - le temps est venu. Nous souhaitons profiter des longues journées et des températures moins rudes de l'été austral et nous savons désormais combien longue est cette route. Mille cinq cent milles dans le labyrinthe de la Patagonie chilienne et de la Terre de Feu. Avant d'atteindre un port argentin (Ushuaia ?) où la situation douanière de Skol pourra être rafraichie, notre chemin restera chilien pour encore quelques mois. Mais à l'exception des kawésqar que nous espérons revoir en passant à Puerto Eden, c'est dès maintenant que nous quittons nos amis. Pendant les derniers jours, les adieux se sont enchaîné. Derniers repas, embrassades, larmes à l'œil, petits cadeaux. Aujourd'hui nous sommes déjà à Melinka, au nord des iles Chonos, ultimes messages via les réseaux téléphoniques.
Nous laissons un peu de nous-mêmes à Chiloé, dans la mémoire d'une poignée de chiliens, et nous emportons un peu de Chili avec nous. L'ampleur de ces échanges se révèlera dans la durée, avec le recul. Nous n'avons pas encore tout conté, ni peut-être bien tout compris. En attendant d'avoir donné une forme à nos réflexions sur ce pays que nous quittons pleins d'ambivalence, il y aura sans doute déjà quelques lignes à écrire, dans le calme des caletas, sur nos expériences avec la petite école de voile que nous avons failli créer à Chiloé et le groupe de navigateurs débutants qui s'est formé ces derniers mois. Il y aura aussi certainement un hommage à rendre, avec quelques semaines de recul, à deux personnages étranges, pas tout à fait chiliens, qui ont illuminé les deux derniers mois de notre séjour.
Pour l'heure, le silence du blog ces prochaines semaines traduira simplement la reprise de notre navigation dans les espaces déconnectés du monde.