Ça y est, derniers avitaillements chargés, tournée des administrations accomplie, nous sommes en route de nouveau dans les espaces déconnectés. Il était temps ! Cinq jours avant que tombe le couperet des deux ans d'importation temporaire de Skol et la menace d'une lourde taxation douanière. Il fallait absolument quitter le territoire chilien. Il était temps ! Quatre semaines à Puerto Natales, bien plus que ce que nous souhaitions. Tout prend plus de temps dans ce port qui n'en est pas un et dont les vents violents et instables conduisent l'Armada à interdire les mouvements de navires et annexes deux jours sur trois. Le capuchon de neige avait peu à peu disparu des sommets. Les sept bébés du couple d'oies cauquen avaient grandi et grossi sans que le labbe parvienne à déjouer la vigilance parentale. Les nuages avaient successivement couvert et dévoilé Torres Del Paine, au loin. La fonte des glaciers géants de Balmaceda, Grey, entretenait un jusant permanent. Les transformations subtiles de notre environnement en ce début d'été égayaient les journées « consignés à bord », mais il nous tardait de reprendre le commandement.
Ultime saison dans les canaux, leur beauté et leur rudesse. Dernières semaines de vie sauvage, agrippés aux arbres et soumis à la volonté du cosmos. Trois mois de réserves embarquées, un bateau en bon état et une détermination à la prudence nous ouvrent de magnifiques possibilités dans ce labyrinthe austral extrême. En ressortirons-nous par le Détroit de Magellan lui-même ? Ça serait un peu court et nous n'aurions même pas le droit de nous arrêter pour embrasser notre ami fuégien de Porvenir. Alors nous pousserons probablement l'étrave dans les méandres de l'archipel de Terre de Feu, au sud de Magellan. Et de là, quel passage vers l'Atlantique ? Emprunterons-nous le Canal Beagle ? Ferons-nous escale à Ushuaia que nous avons fuie à l'aller ? Ou bien irons-nous encore plus au sud, vers le passage de Drake ? Ça ferait quelle différence, d'avoir pris le large pour passer le petit îlot sombre qui marque la frontière entre les deux océans ?
Que les vaya bien !
Rédigé par : Flora | 22 janvier 2018 à 13:57
je voterais volontiers pour le Canal Beagle et je serais capable de plussoyer s'il s’agissait d'emprunter le passage de Drake (tout ça vu de mon fauteuil, tranquillement assis devant mon ordinateur).
Conclusion, je vous souhaite bon vent.
Rédigé par : michel fromm | 22 janvier 2018 à 15:58
Bonjour Isabelle & Ariel, Merci de partager vos aventures et émotions, on s'y croirait ! J'ai une petite question, pour le moment, je ne suis encore qu'en préparation de mon projet TDM (mikeno.fr) qui devrait débuter en juin/juillet 2020, comme beaucoup d'autres, la Patagonie et la Terre de Feu m'attirent particulièrement et comme vous connaissez, j'aimerai savoir ce que vous pensez de mon idée de parcours dans cette région (voir https://www.google.be/maps/@-54.2565223,-69.6115341,531505m/data=!3m1!1e3!4m2!6m1!1s1z0v0Buuyb_7I1f4GQTzx2puEanQ). Merci d'avance Bon vent & bonne mer ! Philippe de Mikeno
Rédigé par : Philippe | 05 juin 2018 à 16:42
Hello Philippe, Si c'est juste une petite question , je me contenterai d'une petite réponse. C'est presque faisable dans le sens du pacifique vers l'atlantique, avec quelques bémols, mais très très très difficile à faire dans l'autre sens, ce qui semble être votre projet. Les deux obstacles principaux seront les vents dominants de secteur ouest / nord ouest et la règlementation Chilienne qui ne permet pas le passage du Cap Horn de cette manière.
Juste pour un ordre d'idée de votre réalisme, combien de temps prévoyez vous entre Puerto Deseado et Puerto Aguirre ?
Bien cordialement
Isabelle
Rédigé par : Isabelle | 05 juin 2018 à 16:52
Bonjour Isabelle et merci pour la réponse.
Oui, une « petite question » qui demande une réponse plus élaborée !
Entre Puerto Deseado et Puerto Aguirre, je prévois 6 mois ou plus.
Oui, j'ai bien compris que les vents dominants viennent de l'ouest et du nord-ouest mais de toute façon en longeant le brésil, on a pas le choix, d'une manière ou d'une autre on l'a dans le nez, donc en me dirigeant d'abord vers Punta Arenas, je ne l'aurai pas trop dans le nez sauf à la fin en m'approchant du pacifique, mais ensuite, je ne devrai avoir que du portant en allant vers Puerto Navarino et Ushuaia et pour terminer par le passage du Cap Horn d'est en ouest et ensuite remonter au nord dans le pacifique vers Chiloe.
Vous écrivez "la règlementation Chilienne ne permet pas le passage du Cap Horn de cette manière", comment faut-il comprendre ça et où puis-je trouver des renseignement à ce sujet ?
Bon vent & bonne mer
Philippe
Rédigé par : Philippe Lagarrigue | 05 juin 2018 à 20:33
Hello de nouveau, Philippe,
Six mois pour cette portion c'est peu. Surtout avec un petit bateau (si j'ai bien compris, 31pieds). C'est dur de se forcer à naviguer les jours de temps vraiment mauvais (il y en a beaucoup en été) et c'est dommage de ne pas attendre les moments de grand beau pour certains coins absolument sublimes. Entre ces deux types d'attente, le temps file vite. Quand à naviguer d'Est en Ouest autour du Cap Horn en été, j'ignore si une fois sur place vous en aurez encore envie, sauf masochisme prononcé et / ou soif de défis extrêmes. Nous-mêmes n'avons pas trouvé de fenêtre correcte cette année pour le faire d'Ouest en Est...
Pour la météo aussi bien que pour les règles sur les "plans de route" acceptés par les chiliens, il suffit potasser les instructions nautiques. Je sais que c'est un peu tôt pour vous au stade de préparation où vous en êtes. Le moment viendra. Il n'y aura aucune honte à réviser vos ambitions à la baisse.
Doux rêves...
Isabelle
Rédigé par : isabelle | 05 juin 2018 à 22:22
Mon bateau est un sloop de 39 pieds en acier et je ne suis pas pressé, je prendrai donc le temps qu’il faut et le chemin que prennent ceux qui se dirigent vers l’Antarctique.
Effectivement, ce ne sont que des rêves mais ils sont fait pour être réalisés.
Merci pour le feed-back, Je vais continuer à vous suivre car c’est un plaisir de vous lire.
Bon vent
Rédigé par : Philippe Lagarrigue | 05 juin 2018 à 23:14