Je crois avoir déjà mentionné le projet d'Ariel de créer une marque de jambon artisanal qui s'appellerait « cochon heureux ». Ce projet a fait un grand pas en avant pendant notre stage à la ferme. Mon homme passait un peu plus de temps que strictement nécessaire à s'occuper de ses amis les cochons, cochonnes et porcelets, mais son sourire radieux et son plaisir à tenter une fois de plus une approche linguistique avec eux me donnaient à moi aussi le sourire. Et la petite Brava est vraiment trop mignonne avec ses oreilles qui rebondissent comme des couettes quand elle court à sa rencontre, espérant un petit rabe de bouffe, peut-être, on ne sait jamais.
Nous avons ainsi travaillé avec plaisir à la construction du « manoir d'Otto » un abri de bois et tôle qui manquait dans son champs pour le protéger des intempéries. Et suivi avec attention les nouvelles du soir nous annonçant que sa seigneurie Otto, le futur mâle inséminateur de la troupe, avait décidé de faire usage de sa nouvelle demeure dès la première nuit ! En plus nous avons installé un dispositif pour empêcher les chevaux de venir lui piquer sa ration. Il grossira mieux maintenant. En attendant qu'il soit adulte, Selma et Patty, les dames reproductrices, ont été engrossées par un voisin et il est possible que nous différions notre départ jusqu'à la mise bas de Patty, pour lui tenir compagnie dans ce moment difficile et la féliciter de sa probablement nombreuse progéniture.
Très confrontant fut toutefois le regard post-cuisson des deux porcelets sacrifiés pour la Minga. On comprend tout à coup pourquoi seuls les cochons destinés à la reproduction reçoivent un prénom. Les porcelets à qui l'on ne réserve qu'une vie courte restent anonymes. Un jour on les nourrit, le lendemain on les mange. J'ai déjà appris ces dernières années à assumer la prédation en affinant les rituels de mise à mort des grands poissons que je pèche. Il y a certainement un travail similaire à faire pour assumer la mise à mort des animaux élevés, soignés, dont les petites habitudes sont connues comme eux connaissent les nôtres. Leur assurer une vie aussi heureuse que possible ? Une mise à mort sans douleur ? Je suis prête à parier que notre consommation de chair animale baissera le jour où nous tenterons de produire nous-mêmes la viande.
Ho que oui, si il fallait tuer soit même et ne pas confier le sale boulot à un "tueur", il y aurait beaucoup moins de viande à table car il n'y a pas le dixième de nos contemporains qui ont eu l'occasion de "tuer le cochon"... Et c'est pas sympa à faire en soit...Alors en plus si il fallait connaître le revers de la médaille en abattoir il y aurait beaucoup plus de végétariens...
Le bon cochon vraiment bio est rare en Bretagne et doit être un marché d'avenir puisque même la cooperl se lance sur le segment avec du bio-indus !! Quand vous serez installés, envoyer moi votre adresse j'en achète pas souvent mais je refuse l'indus...
Bon courage à vous et merci pour vos carnets..
Thib
Rédigé par : thi | 25 octobre 2018 à 10:03
Bonjour les amis,
Heureux de vous savoir sur terre où vous semblez être comme en mer : attentif
Rédigé par : Thierry | 30 octobre 2018 à 14:00
@ Thib
Pour le moment, le projet de charcuterie artisanale est encore au stade de rèverie, mais ta réaction est intéressante….
@ Thierry
Merci pour ce mot qui nous touche.
Rédigé par : isabelle | 02 novembre 2018 à 20:22
Les amis,
Pour plagier Brecht
" L' homme est bon , mais le cochon est meilleur ( et heureux)"
Bisous tendres
Georges et Anja
Rédigé par : Georges | 02 novembre 2018 à 21:04