Après les étoiles de mer, les bulots, les crabes verts, les étrilles et les tourteaux, une nouvelle espèce entre au tableau de chasse d'Ariel. Deux araignées gourmandes ont réussi à faire passer leurs longues pattes jusqu'à la boette en provenance directe des Birvideaux. Il faut dire que, frustré de la taille parfois décevante de ses prises (qu'il remet à l'eau après mesurage précis, lorsqu'elle n'atteignent pas la taille réglementaire), il a un jour agrandi le diamêtre de la goulotte. Logique, non ? Désormais, l'entrée du casier est presque aussi large que le casier lui-même. Hum. Je voyais venir le jour où il allait proposer qu'on augmente la taille du casier. Aurai-je alors la moindre légitimité à m'y opposer ? Moi qui ai si longtemps refusé tout casier à bord, pour cause de place et d'odeurs ? Moi, surtout, qui maintenant me réjouis à chaque fois qu'il me demande de pêcher du maquereau ou n'importe quoi pour apater les animaux à carapace, qu'ensuite je me réjouis encore à décortiquer longuement ? Mais non, il affirme que l'agrandissement du casier n'est pas à l'ordre du jour.
La vie de couple comporte de multiples petites négociations, au cours desquelles chacun fait un pas vers les activités qui réjouissent l'autre. Et, dans ce pas vers l'autre, il faut prendre soin de trouver sa propre jubilation, faute de quoi la complicité ainsi construite ne serait qu'éphémère. N'est-ce pas ?