Une enfance au bord de l’atlantique est imprégnée de cette perpétuelle respiration de la mer, qui fait que le paysage du matin est différent de celui de l’après-midi, celui de la période de pleine lune différent de celui du quartier, qui fait qu’on ne laisse pas son sac au bord de l’eau quand on part nager à marée montante, et qui fait qu’on range soigneusement les outils de la pêche à pied, pour les retrouver aux prochaines grandes marées.
Le jusant découvre progressivement cette langue de terre humide qu’on appelle l’estran, révèle les rochers affleurants, qui tout à l’heure faisaient briser la houle, entraîne avec lui les miasmes des ports et des plages, vide de son eau la baie, le golfe, la crique, agrandit la plage à l’infini, ouvre le terrain de chasse aux pêcheurs de palourdes, dévoile la vasière, ses luisances et ses odeurs. On découvre enfin si les petits bateaux ont des jambes ou pas : ceux qui en sont dépourvus se posent dans la vase sur le ventre, et les autres restent perchés comme des aigrettes, plus ou moins droits, à tel point qu’on les verrait bien tomber de leur haut un jour de grande tempête.
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Ceci est un extrait du texte de l'abécédaire JUSANT. Le texte complet au format PDF (jusant.pdf) vous sera envoyé sur simple demande à skol(at)skol-az.net
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