Cuisiner à bord
Certains disent que le bateau n’est pas fait pour cuisiner. Peu de place, ça bouge tout le temps, les opérations de découpe se compliquent, le plat en train de mijoter sur le réchaud articulé menace de renverser à chaque vague malgré le cardan. Le repas de l’équipage prend des allures de Charlie Chaplin dans la ruée vers l'or, car dès qu’on pose sa fourchette, elle glisse à l’autre bout de la table.
Mais il semble en réalité que la cuisine à bord soit surtout une affaire de culture personnelle, ou bien d’apprentissage. Ayant découvert la voile avec un équipage qui ne cuisinait pas, Ariel, très bon cuisinier, a d’abord cru que cette privation était inéluctable en mer. Ne se résignant pourtant pas à l’incontournable corned-beef, ni aux boîtes de ravioli jetées à la va-vite dans une casserole, il a mis au point son art d’améliorer les boîtes: une pointe d’ail dans le fond de la gamelle, une tomate fraîche en plus, une épice inattendue, à tel point qu’il est désormais incapable d’ouvrir une boîte sans se demander comment en changer la recette. Et puis, grâce à quelques découvertes magiques – des pizzas fraîches au beau milieu d’une transat, par exemple - son penchant pour les petits plats mitonnés et savoureux a repris le dessus.
Depuis que nous naviguons ensemble, notre usage des conserves industrielles a reculé et notre recours aux déshydratés reste limité aux fidèles soupes chaudes qu’on tient dans le creux de la main des jours de pluie, de froid et de vent. Parce que ces jours-là, avec un quignon de pain, un bout de fromage, et un petit verre de vin, elles font un repas idéal. .../....
Vous venez de lire le début de "Vivres", l'un des texte de l'abécédaire.
Le texte "Vivres" complet vous sera transmis par e-mail sur simple demande à [email protected]
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