Pour mémoire, nous sommes partis de France le 3 mai. Nous avons traversé le Golfe de Gascogne, puis longé la côte du Portugal jusqu’aux Canaries. Pendant ces 23 jours de mer, la ligne à gros poissons a été déployée au moins 18 jours et rien ! Pas la moindre prise. Ariel commence à devenir moqueur, car c’est moi qui pêche quand on est en route. Le lecteur attentif se souvient qu'Ariel pêche lorsque nous sommes au mouillage et avec un casier.
Aux Canaries, nous assistons aux retours de pêche des « traqueurs de thon » armés jusqu'aux dents(1) et j’avoue ma jalousie lorsque je les vois revenir non bredouilles. D’ailleurs, nous calibrons notre horaire de départ de la Gomera spécialement pour la pêche au thon. Mais non. Toujours rien.
Les sarcasmes d’Ariel commencent à se faire pressants. Il disserte à voix haute sur la couleur à la mode pour les leurres cette année: rose ou vert, qu'est-ce qui plaira au poisson d'ici ? Il rappelle chaque jour avec étonnement que nous sommes censés naviguer dans les eaux les plus poissonneuses du monde et j’ai beau lui expliquer que les eaux super-poissonneuses sont à 20 miles des côtes, pas à 150 miles, et que les pêcheurs de ces eaux ne pratiquent pas la ligne de traine et calibrent leur trajet et leur vitesse en fonction de la pêche et non pas en fonction d’une arrivée à Dakar en journée pour éviter une arrivée de nuit, je me dis au fond de moi que tout de même, zut, c’est rudement vexant, tout ça.
Ma vexation est à peine atténuée lorsqu’une jeune Carangue de quelques centaines de grammes se fait involontairement accrocher à notre gros hameçon. Elle termine dans l’assiette, savamment assaisonnée par mon homme réjoui, mais ce trophée me semble un peu minable.
Mon honneur est sauvé seulement le lendemain, en fin de journée, avec cette belle Bonite à Dos Rayé de 2,6 kg qui fournira quelques repas et une copieuse fournée de bocaux de conserve. Il était temps ! Nous venons de passer au large de Nouackchott.
Le surlendemain à la même heure, l’heure où la lumière du soleil, rasante, permet de tromper le regard du prédateur sur la véritable nature du petit poulpe que nous traînons derrière nous, nous sommes engagés dans une bagarre que nous ne gagnerons pas. Un animal de plus de quinze kilos (sans doute) se débat longuement, vigoureusement et surtout astucieusement. Nous manquons de force ou bien de l’équipement ad’hoc pour entrer dans le jeu qui consiste à fatiguer l’adversaire. Nous fatiguons avant lui et il en profite pour décrocher. Le bon coté de cette défaite est que nous évitons une nuit blanche de travail en cuisine à la veille de l’arrivée à Dakar.
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(1) L'un de ces américains nous offrira d'ailleurs un steack de thon (Rouge) de 2kg prélevé sur sa bête de 80kg, cadeau que nous accepterons, en passant sous silence notre désapprobation de leur pratique de pêche sportive n'ayant qu'une trės faible motivation alimentaire
Chers amis, vos tracas de péchous me passionnent, sachez que je pense souvent à vous et que je garde le contact.
Plein de belles choses et A BIENTÔT
Michel
Rédigé par : Michel Fromm | 25 juin 2014 à 15:20
Cher Mitch, nous te savons fidėle sur ce chapitre, tout comme un certain Lutin Breton qui se reconnaitra .
Saches qu'ici la 'production de fromage se limite a un simple chêvre frais et que nous retardons avec délice et horreur le moment d'attaquer le dernier bout de Comté !
Des bises a toute la petite famille.
Rédigé par : skol | 28 juin 2014 à 19:00