Perdus dans la nature, loin des humains. C'était la quête de mon homme, son espoir pour cette vie nouvelle, la raison pour laquelle il s'est plié aux contraintes de la préparation et qu'il s'est soumis à la dictature des listes pendant de longs mois. Il fait maintenant le plein de belles choses (1). Des caletas aux allures de lagon tant l'eau est claire, des paysages sans cesse renouvelés, des animaux qu'on côtoie sans les chercher et des ciels à lire chaque jour, pour comprendre le temps qu'il fait ou qu'il va faire. Ni voitures ni avion, dix jours passent parfois sans qu'on croise un bateau, les silences sont d'une qualité inconnue dans le monde civilisé. Uniquement faits de sons naturels. Eau, vent, bruissement des feuillages, chants d'oiseaux. Ariel a même pu entendre, un jour calme, la voix un peu nasillarde d'une loutre parlant avec son petit sur la grève. Des traces d'humains sont tout de même décelables. Les pêcheurs, au fils des années, ont déposé sur les rives de leurs endroits habituels quelques vestiges d'une habitude saisonnière, amarre à poste là où l'abri est meilleur, ossature d'une cabane, monceau de coquilles de moules à côté de la carcasse d'un fumoir artisanal, datant d'avant la marée rouge (2). Même si chaque bout de plastique ou de tissu abandonné sur place est déjà trop pour Ariel, ça reste discret. Et nous n'y sommes exposés que parce que nous nous réfugions dans des abris répertoriés. Dans une vie future, on pourrait revenir et explorer les zones encore moins fréquentées, encore plus reculées, les seños à la cartographie inachevée. Il en reste !
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Il ne perd pas de vue que nous sommes au pays de « Pinocchio », ni que les indiens ont été massacrés ici aussi et ça trouble parfois sa contemplation. En tout cas ça le rattrape dès qu'on croise un autochtone, même au fond d'une caleta.
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La frustration ultime pour des amateurs de fruits de mer comme nous ! Les rivages sont tapissés de grosses moules appétissantes mais l'épidémie de toxine « marée rouge » qui ravage les côtes chiliennes et argentines depuis 1972 rend totalement impossible la collecte pour consommation immédiate. La toxine est mortelle en 24h. Seuls des tests épidémiologiques spécifiques conduits par les autorités chiliennes permettent de valider une récolte de coquillage. Il parait que l'épidémie, d'origine inconnue, régresse ces dernières années. Nous allons suivre l'affaire. Heureusement, elle n'affecte pas les crustacés.
Chouette, un nouveau message des Skol ! (c'est ce que je me dis à chaque fois) Pas très original, mais sincère !
Rédigé par : Flora | 03 juin 2016 à 12:35