Dans l’ancien temps, la lune et la soleil étaient des personnes.
Ces personnes étaient deux femmes, elles étaient même sœurs.
Lune était célibataire, Soleil était mariée.
Le mari de Soleil était un oiseau.
(Les oiseaux étaient des personnes aussi et pouvaient donc épouser les astres.)
Mais quelque chose arriva : Lune tomba amoureuse du mari de sa sœur, lequel succomba à son charme.
Le courroux de Soleil fut effroyable, elle poursuivit sa sœur partout sur terre pour lui crever les yeux.
Lune, blessée et aveuglée se réfugia dans les cieux.
Les gouttes de sang de ses blessures aux yeux tombèrent sur la terre et se transformèrent en êtres humains.
Voilà comment l’homme apparut sur la terre.
Pour tenter une réconciliation avec sa sœur, Lune lui fit savoir que dans le ciel,
il faisait toujours beau et que les moules y étaient encore plus charnues et délicieuses que sur terre.
C’est ainsi que Soleil rejoignit Lune dans le ciel.
Mais les deux sœurs ne se rencontrent jamais… (1)
Trois semaines avant que Maria-Isabel nous conte cette histoire de son peuple, nous passions du canal Messier au canal Baker, par un matin calme, tirant des bords pour suivre les sautes de vent. Quand la luminosité de l'air a baissé en milieu de matinée j'ai d'abord cru à un effet de ma fatigue, après la nuit dans le Golfe des Peines. Comme ça persistait, j'ai ensuite pensé à un voile de nuage dans le ciel clair. Il n'était pas possible de regarder le soleil directement ce jour-là. Et puis, à l'occasion d'un virement de bord, en levant les yeux pour suivre le
mouvement de la grand-voile, j'ai entraperçu fugacement un drôle de truc, à la limite de la toile blanche qui faisait écran. J'ai vu comme un croissant à la place de la boule du soleil. J'ai alors appelé mon homme pour qu'il déniche une paire de radiographies médicales et vienne savourer avec moi le spectacle de cette éclipse annulaire.
Le soleil a rendez-vous avec la lune
Mais la lune n'est pas là et le soleil l'attend
Ici-bas souvent chacun pour sa chacune
Chacun doit en faire autant
La lune est là, la lune est là
La lune est là, mais le soleil ne la voit pas
Pour la trouver il faut la nuit
Il faut la nuit mais le soleil ne le sait pas et toujours luit
Le soleil a rendez-vous avec la lune
Mais la lune n'est pas là et le soleil l'attend
Papa dit qu'il a vu ça lui... (2)
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Un des mythes kawésqar, tel que nous l'a conté Maria-Isabel, un jour où la Lune et le Soleil se partageaient un ciel d'azur limpide.
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Refrain de la chanson de Charles Trenet, 1939
Si là on n'est pas dans l'évocation poético-méditative je veux bien qu'on m'appelle Arthur !
Du coup ça me rappelle un poème de Kateb Yacine (un poète kabyle édité aux éditions Syndbad - Actes Sud: s'il vous plaît !) que j'avais mis en préface de ma thèse et que voici de mémoire:
Que ne peut-on au lit travailler
Et dormir sur la table
Et l'amant s'éveille ouvrier
Serrant dans ses bras morts la nuit
La vaste nuit qui s'échappe
Rédigé par : Michel Fromm | 04 avril 2017 à 15:11
Votre voyage a pris un très joli souffle !....
Rédigé par : Hughes | 12 juin 2017 à 12:39
@ Hugues : Un nouveau souffle, c’était aussi notre impression pendant cette seconde déambulation dans les canaux. Le retour à la civilisation nous a rappelé certaines contingences pénibles, mais nous ne regrettons rien.
@ Mitch : On ne te connaissait pas ce gout pour la poésie....
Rédigé par : Isabelle | 28 juin 2017 à 03:32