On ne choisit ni où ni à quel moment du voyage on fera les rencontres les plus belles. Un soir de violon expérimental à La Descarriada, deux chiliens, amis de fraiche date, parfaitement francophones (et francophiles) rencontrent deux voyageurs français, plus ou moins hispanophones (et latinophiles). Alors commence un cheminement qui nous mènera jusqu'à l'affection sincère doublée d'un profond respect, teinté de curiosité mutuelle, au fil de moments tous simples additionnés les uns aux autres. Un diner à bord, deux virées à la campagne tant que la Lada de Rodrigo fonctionnait, trois sessions de Tai-Chi avec Lautaro, maints kilos de moules marinière et autres régals, de la musique et du chant choral, une dégustation de navigation à voile, des heures et des heures de discussion. Art, littérature, cinéma, philosophie, anthropologie, gastronomie, sociétés, politique, nos échanges sautent d’un continent à l’autre et passent l’histoire en revue. Ainsi s’enrichissent mutuellement nos perceptions du monde des hommes. Leur joie de pratiquer le français (1) et notre plaisir d'enfin pouvoir converser avec des chiliens dans notre langue ont été l'accroche initiale, mais qu'avaient-ils de particulier pour qu'on en vienne quelques semaines plus tard à se demander comment on allait faire sans eux, quand on repartirait (et eux sans nous) ? Tous les deux sont artistes mais pas seulement, nous n'en finirons pas de découvrir tout ce qu'ils ont fait dans leur vie. Ils sont sexagénaires, anciens militants des jeunesses communistes sous Allende, toujours en recherche d'une place un peu aux marges de la société mais pas complètement en dehors. Chacun a passé un certain nombre d'années de sa vie en Europe ce qui a agréablement métissé leur chilénité (2). L'un autant que l'autre est extrêmement disponible à la rencontre et ouvert à tous les thèmes de discussion, y compris les années noires et leurs répercussions dans le chili d'aujourd'hui (ce qui n'est pas courant). Nous avons pu leur dire des choses qui ne s'évoque qu'avec les intimes. Dire ce qu'ils ont en commun ne rend pas justice à leurs individualités, mais nous avions envie de les présenter, initialement, comme ils se sont présentés à nous et comme l'amitié a débuté, avant que nos liens ne s'enrichissent avec chacun, ensemble « et » séparément.
Dans notre vie de nomades, le temps manque tout le temps, ou bien il est encombré de préoccupations techniques, logistiques. Les rencontres qui échappent à ce point à l'utilitaire prosaïque et dépassent le plaisir de la découverte mutuelle pour s'élever jusqu'à la sensibilité complice sont précieuses. Les libres penseurs sont rares. A leur contact, notre regard se décale et notre point de vue s'enrichit.
- Un français riche mâtiné d'argot, d'expressions idiomatiques et de jeux de mots auquel ils tiennent. Pour ne pas le perdre, ils pratiquent entre eux, même en l'absence de tout français à portée de voix.
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Enfin des chiliens qui honorent les rendez-vous !
Bonjour
Recevoir vos publications, est toujours un vrai plaisir. Des fois le temps les font disparaitre dans le brouhaha de mon quotidien.
Quand surgissant des 30 eme ou 40 eme emails reçus du jour, j'aperçois un "Skol", il me faut vite alors me débarrasser des 39 autres et prendre le temps de lire et relire votre texte.
Beaucoup de 'Vlog' et autres 'Blog' de voileux en route sur les mers que j'aime à regarder ou à lire n'ont pas la qualité du texte qui est le votre.
Finalement, vos publications espacées, donnent du piment à la découvert de vos aventures.
Merci beaucoup de me faire partager un peu de cette vie d'aventure qui me fait rêver.
je ne sais si j'aurai la force, les moyens et l'occasion d'entreprendre un tel projet, mais vous participez beaucoup à le rendre possible.
Cordialement
Bernard.
Rédigé par : Bernard | 27 novembre 2017 à 18:35
Bonjour Bernard ,
Merci pour ces mots. C’est toujours un plaisir de lire un de nos lecteurs sortant de l'anonymat.
La lenteur de nos publication est délibérée. Il s’agit de prendre du recul, d’approfondir une idée, de croiser les informations et d’élever la pensée. Il s'agit de laisser les sujets émerger plutôt que nous efforcer de parler de "tout" ce qui nous arrive. Nous sommes ravis quand nos lecteurs l’apprécient.
Le jour viendra sans doute où les questions de force, de moyens et d'occasion ne se poseront plus et où vous saurez qu'il est possible de vous mettre en projet. Mais cette vie est dure et nécessite de faire des choix aux conséquences à longue portée. Aussi nous gardons-nous de tout prosélytisme enthousiaste.
En attendant, rêver, c'est déjà voyager un peu.
Bien cordialement
Isabelle et Ariel
Rédigé par : Isabelle | 27 novembre 2017 à 18:37
bonjour à vous ,
juste un petit mot pour vous dire qu’on aime beaucoup votre blog et la belle aventure partagée,
je voulais juste vous dire que le voyage par les canaux de patagonie, j’ai longtemps rêvé de le faire en voilier,mais les années passent et je ne suis pas sur d’y arriver,alors je savoure vos petits mouillages,vos découvertes…presque comme si j’y étais tellement c’est bien écrit ,que les vents vous soient favorables
merci continuez c’est sensas,bravo
odile & jean luc
Rédigé par : Odile & JeanLuc | 27 novembre 2017 à 18:46
Bonjour Odile et Jean-Luc ,
Les réactions comme la vôtre, “juste un petit mot” et d’autres, plus étoffées, nourrissent toutes notre projet d’écriture en en alimentant l'élan. Certes nous écrivons pour nous-mêmes, pour garder mémoire, pour ancrer les choses en les formulant, mais écrire sans lecteurs n’aurait pas le même sens et ne nous pousserait pas à autant de soin.
Continuez à nous lire, c'est chouette.
Isabelle et Ariel
Rédigé par : Isabelle | 27 novembre 2017 à 18:51