Allo Maria-Isabel ? Tu vas bien ? … Dis, on s’apprête à acheter cette fois une centolla entière à Gonzalo et Chacha (1) et on voudrait d’abord vérifier si tu acceptes qu’on vienne la cuire chez toi, parce que ce qu’ils ont aujourd’hui est beaucoup trop gros pour les casseroles de skol ! (2) … D’accord ? Dans la matinée ? … Et on déjeune ensemble, bien sûr !.. Oui, avec Gabriela … et aussi Raùl s’il est là. Centolla-mayonnaise-salade, ça ira comme menu ?
Depuis que nous avons gouté aux délices de la centolla fraichement pêchée, nos palais délicats font la grise mine quand on leur propose de la chair de l'animal décongelée ou en bocal. Or, elle ne se trouve vivante que sortie du casier d'Ariel ou dans les cales du pêcheur encore en campagne. A la rigueur le jour même de son retour au port car, contrairement au tourteau, l'araignée de mer géante ne survit pas à l'air libre au-delà de quelques heures (3). On croise donc dans les canaux des petits caseyeurs qui semblent terriblement enfoncés, comme juste à la limite de couler. Eh bien c'est bien ça, ils entretiennent leur flottaison à la limite du naufrage pour faire circuler de l'eau dans leurs cales afin de maintenir en vie les prises pendant la campagne de pêche et le trajet retour jusqu'au port de déchargement. Pour compliquer l'affaire, la bête exige de l'eau suffisamment saline, les pêcheurs doivent donc jongler avec leurs vannes pour couper la circulation d'eau lorsqu'ils entrent dans les zones d'écoulement des glaciers afin de ne pas tuer la cargaison d'un coup d'eau trop douce.
La centolla ne faisait pas partie des nourritures traditionnelles des kawésqar, mais ce sont des gens qui savent reconnaitre un festin quand il se présente sur leur table ! Leur règle dit juste qu'il ne faut pas la consommer le même jour que la pêche, sous peine de malchance. Chaque moment passé avec nos précieuses amies indigènes donne lieu à des leçons de bon sens. L'importance de cuire le crabe avant qu'il meure, sans s'encombrer de considérations de politesse « c'est « elle » qui dicte le bon moment pour cuire, pas moi ! ». La générosité de mettre quelques portions de côté pour les ouvriers qui travaillent actuellement à l'isolation des maisons « un cadeau, une coutume, la coutume». La saveur du présent « on n'a pas navigué aujourd'hui, mais on a mangé de la centolla, aucun regret ! ».
- Gonzalo et Cecilia, un jeune couple de pêcheurs à Puerto Eden (centolla, pétoncles, oursins, congre, selon la saison et la lune) et leur fille Marion que nous connaissons déjà par les ateliers que nous avons animés pour l'école. Ils font partie des rares Edeninos à traiter les kawésqar en amis. D'ailleurs, ils ont déposé deux centolla sous le porche de Maria-Isabel ce jour-là, la seconde en cadeau pour elle. Ils finiront par nous traiter nous aussi en amis.
- Nous sommes cette fois-ci en pleine saison. La bête de 2kg bruts donnera presque un kilo de chair nette, immédiatement savourée. La veille nous avons « seulement » acheté quatre pattes d'un animal encore plus gros, qui pesait trois kilos entier ! L'envergure des pattes atteint 80cm. Evidemment, le petit casier d'Ariel ne remonte jamais avec ces monstres, qui ne passent pas par l'ouverture et restent dehors, malheureusement. Bon, les « petites » mais néanmoins règlementaires qui entrent dans le casier sont les bienvenues à chaque fois !
- Question d'appareil respiratoire mais aussi de pression. Car son milieu de vie est entre 8 et 80m de profondeur.
Bon appétit -)
Et belle fin d’année à vous, que 2018 démarre au mieux pour vous.
Rédigé par : jannick | 27 décembre 2017 à 22:18
@ Jannick :
C'est un peu dans cette idée qu'on a publié ces images juste pour les fêtes!
Rédigé par : isabelle | 30 décembre 2017 à 17:44