Au point le plus à l’Est de notre voyage, une pause de trois jours dans un petit fjord à l’Ouest de l’île d’Hammaroy.
Les endroits en Norvège où l’on peut simplement jeter l’ancre sont rares*. La pratique est donc de poser une ancre et de compléter l’amarrage par une ou plusieurs lignes portés à terre et accrochées aux arbres ou à des anneaux scellés dans le roc, prévus pour cela.
La première fois que nous avons déroulé notre « Blue Line », c’était dans une toute petite crique, avec la place pour un seul bateau. Et encore, un bateau comme le nôtre, de ceux qui peuvent remonter la dérive pour s’approcher du bord. Jubilation d’avoir une plage privative pour le Taï-Chi-Chuan matinal. Tranquillité du sommeil, en sachant que le bateau n’ira pas taper sur les roches d’à coté lorsque le vent tournera. Et nous découvrons à cette occasion la violence des vents catabatiques, ces accélérations brutales du vent provoquées par les montagnes proches, qu’on appelle down winds en anglais parce qu’ils descendent de la montagne, vendavalès en Espagne peut-être parce qu’en réalité ils dévalent carrément de la montagne et willy-waws en Patagonie, assurément parce qu’ils font beaucoup de bruit. Ca tire sur l’ancre pendant quelques heures, à tel point qu’on aura du mal à la sortir du sable 3 jours plus tard et notre ligne bleue contribue sérieusement à limiter les embardées. Lorsque le vent se calme et tourne de 180° pendant la nuit, la ligne bleue change de rôle et empêche que la traction sur l’ancre ne s’exerce en direction de la pente descendante vers le fond du fjord, au risque que l’ancre se décroche toute seule. Ca ressemble à une préparation pour la Patagonie, non ? Nous avons en tête les récits de Nicole Van de Kerkhove, dans son dernier voyage là-bas, avec sa fille Kim qui portait les amarres à terre. Une région dont nous rêvons pour plus tard.
* Il faut un fond de sable ou vase pas trop profond, c'est-à-dire 3 à 10 m, et suffisamment d’espace pour que le bateau puisse tourner autour de l’ancre, au bout d’une chaîne qui doit faire 3 fois la profondeur d’eau, soit 10 à 30m, plus la longueur du bateau lui-même, ça fait des cercles de 40 à 80 m de diamètre. On trouve pas ça souvent ici, car les bandes de sable peu profondes sont coincées entre les parois proches du fjord, d’un coté et le fond trop profond de l’autre.
Yé, cé choli, du !
Rédigé par : micky | 04 septembre 2012 à 12:37