Leur vie est au large, comme celle des Albatros. Ils nous suivent, tournent autour de nous, planent au ras des vagues, se posent quelques minutes, un peu devant le bateau, comme pour le suivre du regard quand il passe. C’est peut-être une interprétation anthropomorphique de notre part, mais il semble y avoir une intention dans la rotation qui leur permet de garder un œil sur nous ainsi. Nous les aimons beaucoup, ils ont un regard sympathique et un vol et un amerrissage délicats, avec un joli petit mouvement d’aile. Nous les saluons, leur parlons, disons à chacun qu’il est le plus beau. On pourrait dire qu’ils sont polis parce que contrairement aux goélands, on ne les voit pas se jeter goulûment sur nos restes. Ariel en a tenu un délicatement dans ses mains quelques minutes, le temps pour moi de démêler à coups de ciseaux la ligne de pêche dans laquelle il s’était irrémédiablement emberlificoté. Le cœur de l’oiseau battait la chamade sous ses doigts et Ariel, tout ému lui aussi, lui parlait doucement pour tenter de réduire sa panique. Et l’oiseau s’est laissé faire. Avait-il compris qu’on allait le libérer ? Depuis, nous imaginons que les Fulmars se sont passé le mot et nous tiennent compagnie plus affectueusement.
Ces pétrels ne sont qu’une des nombreuses espèces que nous avons eu le plaisir d’observer, car Ariel me transmet petit à petit sa passion pour les oiseaux. Un truc de sa famille. Il les reconnaît à leur vol, ou à leur bec, ou à leur plumage, et lorsqu’il ne les reconnaît pas, il sort son livre et je suis à chaque fois étonnée de la précision et pertinence des détails qu’il a mémorisés malgré la brièveté de l’observation, pour l’identification. Une petite plume dressée sur la tête, ou bien la couleur des pattes, ou bien les nuances de couleur du dos, ou encore le cri qui lui a semblé inhabituel. Nous avons observé entre autres des Macareux Moines avec leur bec tout coloré, isolés ou en colonie, des Huitriers-Pie au bec rouge, picorant en famille sur les rochers et plages. Nous avons vu ce qui nous a semblé des Plongeons se déplacer en bandes innombrables sur la surface des eaux abritées, entre les îles et la côte. Les Guillemots de Troil et Guillemots à Miroirs sont de jolis petits pingouins assez courants ici. Nous avons vu le spectacle d’un Labbe Parasite pourchassant les goélands pour leur voler leur prise de pêche. Et deux espèces d’Aigle tournoyant là-haut près des falaises ou plus proches de nous, posés sur une île basse. Dans un pays grand comme la France qui ne compte que sept millions d’habitants, la pression des activités humaines reste faible, et la faune semble en profiter pour garder une belle vitalité.
Aaaah... les simili-martiens à la graisse de cabestan, Krrtchmvrtzs, ectoplasmes à roulettes ( Haddock)..... où êtes-vous pour le moment? et est-ce que vous arriverez à rentrer ou vous continuez directement vers la isla grande de tierra del fuego? Je regrette de ne pas pouvoir partager vos observations de de la "volaille" maritime.
Bon vent et bon courant
karel
Rédigé par : karel | 22 août 2012 à 09:50
Attention Karel, si tu traites les fulmars de volaille, tu vas entendre Ariel a la session de septembre. J'ai tenté "volatiles", 'il a pas supporté, et pourtant c'est sobre, alors "volaille"....
Bises
Isabelle
Rédigé par : Isa-skol | 26 août 2012 à 23:15
Et dernière précision: Ariel a réussi a apprendre les premiers rudiments du langage Fulmar. Il sait produire un son de la gorge tendue qui ressemble assez a leur cri pour les troubler. Mais il ne maitrise pas trop ce qu'il dit en réalité...
Rédigé par : Isa-skol | 28 août 2012 à 21:26