Le point le plus au Nord de notre périple. Un point que nous n’étions pas certains d’atteindre, car il dépendait de la météo et du calendrier, nous nous étions promis de cesser la montée vers le Nord et commencer le chemin du retour doucement à partir du 1er août, quoi qu’il arrive. Un fjord petit mais spectaculaire par la proximité de ces rives et la hauteur de sa falaise. Il me semblait avoir vu des photos montrant des marques peintes sur la falaise par des bateaux de passage et un vague projet de peindre notre logo flottait dans l’air. Un peu comme aux açores, l’endroit où nous avons créé le logo pour le peindre sur le quai d’Horta. Déjà l’approche était époustouflante, les montagnes verdoyantes aux cimes enneigées qui bordent le Raftsund sur toute sa longueur sous un soleil pour une fois persistant.
Nous avons le plaisir de le découvrir seuls, ce petit fjord mythique, juste suivis de loin par un autre voilier et suffisamment de temps avant qu’une nuée de petits bateaux à moteur familiaux et gros zodiac chargés de passagers équipés « wild adventure » ne s’y engouffrent eux aussi. Tout le monde veut voir le Trollfjord, bien sûr. A tel point que le ressac de ces nombreux passages nous décourage de risquer de stationner le long de la falaise pour y laisser notre trace, on pourrait y faire quelques bosses à la coque de Skol qui en a déjà vu assez comme ça. Mais c’est tentant de s’approcher, tant la falaise tombe à pic. A quelques mètres du bord, le sondeur indique déjà 50m de profondeur. On lève les yeux et l’objectif de l’appareil photo mais il n’est pas possible d’embrasser tout d’un seul regard ou d’un seul cliché. Au fond du fjord, la falaise cède la place à une couronne de hauteurs moins pentues donc plus vertes, elle-même surplombée d’une couronne de sommets enneigés. Ce cirque ouvre la perspective qui, sinon, aurait pu être un peu oppressante.
Magique.
Nous ressortons doucement à la voile, en savourant les deux autres surprises locales, un dauphin et surtout un couple d’aigles. Peu après la sortie, nous croisons un énorme paquebot qui manœuvre vers le Fjord, sans doute, pensons-nous, pour simplement passer devant l’entrée étroite et permettre aux passagers de prendre quelques photos. Mais non, en fait, il s’arrête au droit de l’entrée du fjord, pivote de 90° et entre très doucement à notre plus grande stupéfaction. Il doit rester quelques mètres de chaque coté et tout juste la place de faire demi-tour au fond ! Les marins Norvégiens sont de fins manœuvriers, avons-nous déjà précisé. Ce défilé de visiteurs en masse brandissant l’appareil photographique pour tenter de reproduire la photo du catalogue aurait estompé un peu la poésie du lieu. Nous sommes contents d’être sortis avant que le paquebot approche.
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