Elle a trouvé refuge chez nous pendant la nuit, comme d’autres. Au changement de quart, on se passe le mot « chûûût , nous avons de la visite ».
Celle-ci est restée suffisamment longtemps , au delà du petit jour qui signe souvent le moment de l’envol. Assez longtemps pour une séance photo dans la lumière douce du matin et pour une conversation à propos du petit caca déposé sur le panneau solaire et que la lumière douce du matin révélait au regard d’Ariel. Ariel, qui n’aime pas nettoyer les cacas d’oiseaux, lui fait donc le reproche : « T’exagère, toi ! Dis, ça te ferait quoi si j’allais chez toi pour faire caca ? … » et puis il se tait, saisi par l’énormité de la chose. Ben oui, répondait-elle sûrement, dans son dialecte de Sterne, vous autres, les hommes, vous faites bien pire. Vous envahissez notre espace vital avec vos constructions et vos bruits, vous polluez notre air et notre eau avec vos produits chimiques et métaux lourds. Même nos lieux de reproduction, vous ne les respectez pas, ou si peu. Je suis au courant, je suis baguée. Et puis, tu sais quoi ? le petit caca, t’as rien compris : c’est le cadeau qu’on te laisse en remerciement pour les heures de repos. Penses-y à l’avenir. Allez, j’ai de la route à faire et ton bateau, il est confortable mais il ne va pas très vite ! sans rancune, bye bye !
Pendant ce temps, à 3000m au dessous de notre perchoir flottant, une montagne sous-marine nommée L’hirondelle dresse son sommet de 1000m d’altitude dans l’indifférence quasi-générale car son sommet est encore à 2000m de profondeur.
Il y a quelques jours, c’était justement une hirondelle qui payait sa nuit d’un petit caca déposé sur l’écoute de Génois. Une autre hirondelle, trois nuits plus tard tentera de s’installer pour la nuit à l’intérieur du bateau. Après plusieurs incursions furtives pour tester les postes de repos à l’intérieur et vérifier la trajectoire de fuite, elle est revenue et s’est tranquillement perchée près du hublot, un œil sur l’extérieur et un autre surveillant mes mouvements. Là, j’ai redouté que son petit caca termine dans la cuisine ou dans les livres de navigation, alors je l’ai doucement invitée à sortir et à trouver une place confortable à l’extérieur, le temps étant assez clément pour cela. Malheureusement, il semble que ce qui l’avait rendue si hardie était l’épuisement, car nous l’avons retrouvée morte dans un recoin, bien abritée effectivement, mais sans nourriture adaptée. Il aurait fallu des petits vers pour lui refaire des forces.
L'auberge Skol restera accueillante pour les oiseaux de mer à l'avenir, dans la mesure de ses modestes moyens .... et pour les paiments en nature, on préfererait une petite chanson.
Commentaires