Brises folles qui me rendent folle.
Brises légères dont on ne peut rien faire.
Brises déroutées et déroutantes qui changent à chaque minute.
Une bouffée de sud mêlée d’un souffle d’ouest, avez-vous déjà connu ça ?
Moi qui m’attendais à une bagarre contre les orages. Nous voici plutôt engagés dans une guerre des nerfs qui me déstabilise et pour tout dire m’angoisse.
Et si le vent ne revenait pas ?
Nous sommes arrivés au bout de notre prévision d’usage de carburant (la moitié des réserves) sans atteindre les alizés du sud-est, qui sont encore bien loin.
Et si le vent ne revenait pas ? Et si nos réserves d’eau s’épuisaient avant que le vent revienne ?
Du 3 au 13 octobre, nous userons nos voiles et notre moral dans ses brises inconstantes, restant à la barre des heures interminable pour seulement empêcher le courant de nous emporter vers l’Est (1). Des heures à entendre les voiles claquer dans un espoir de brise venue caresser notre joue gauche, puis la joue droite dans la minute qui suit. L’impuissance à laquelle nous sommes réduits m’est insupportable, à un degré inhabituel.
Ariel est plus tranquille que moi. L’errance, la dérive voiles affalées ne lui font pas peur. Elles font même parti de son idée d’une belle traversée.
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1 - Dix jours pendant lesquels nous ne parcourrons que 300 miles alors qu’il y en a 4000 à franchir. Au plus fort de mes angoisses, Ariel m’a relu le passage de Slocum sur sa traversée du pot au noir, qui raconte exactement ça : 300 miles en 10jours.
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