On les croirait tout droit sortis de l'époque des pirates et corsaires, au point on s'attendrait à voir surgir au bout du quai à tout moment des hommes à la jambe de bois avec un œil masqué par un bandeau noir, cape ondulant sous leur pas et l'épée battant la cuisse. On s'attendrait aussi à les voir appareiller à la voile, dans un fracas de chaine d'ancre hissée à la force des hommes, mais non. Les voiles sont oubliées, les bômes ne servent plus qu'à maintenir tendues des bâches de protection contre la pluie et le soleil, qui sont installées à demeure. Ces bateaux à la silhouette caractéristique sont nombreux à sillonner la Baia de Ilha Grande, à quitter chaque matin les trois principaux ports de la baie, à se diriger chaque jour dans toutes les directions, vers les iles, les anses et les criques inaccessibles par la terre. Ils emportent chacun sa cargaison de vacanciers joyeux, bruyants, qu'ils déverseront sur la plage pour les trente minutes de baignade prévue au programme avant de rentrer au port. Notez leur proue, munie d'un impressionnant bout-dehors. Elle constitue une arme redoutable qui a sans doute (1) démoli plus d'un voilier au retour d'une sortie nocturne et arrosée de caipirinha ou bien dans une zone de mouillage un peu étroite. Ou les deux.
Les passagers, entassés sur parfois deux niveaux, vivent quelques heures d'une promiscuité huileuse de crème solaire et poisseuse de coulures de sodas mais sont bien décidés à tirer le maximum de cette « croisière de rêve » que leur a vendu un prospectus ou une affiche. Ils brandissent leur smartphone à bout de bras pour s'immortaliser eux-mêmes. Leur enfants se laissent émerveiller, j'espère, par les deux mâts qui n'ont plus qu'une fonction décorative, les bordés en bois et les cordages en trompe l'œil. La musique rythmée que crache la sono masque les bruits du moteur mais aussi ceux de la jungle qui seraient, sinon, perceptible depuis le pont. Dommage pour les rêves d'enfants.
Mais au fond, puisqu'on ne songerait pas à empêcher les gens de profiter des deux mille plages et trois cent soixante-cinq iles du coin, ces copies de vieux gréements sont sommes toutes moins disgracieuses et plus écologiques que les grosses vedettes à moteur, toutes de plastique et de métal, qu'utilisent ici les hommes d'affaire pressés de rentabiliser leur week-end et les jeunes gens de bonne famille autorisés à claquer le budget vacances en location de vedette avec pilote, sono et glacière pour les boissons. Ils ne restent pas longtemps non plus dans les mouillages de rêve et n'y passent jamais la nuit. Tant mieux pour nous.
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Un bateau sérieusement endommagé stationnait à l'ancre dans la rade d'Abrao. Nous avons invité le marin à prendre un verre et conter son histoire. Drôle d'animal, conspirationniste et révisionniste, que Régine (la maman d'Ariel, en visite brésilienne pour trois semaines) a pris un malin plaisir à faire parler jusqu'au bout de ses idées. Idées puantes et histoire douteuse, mais confirmation de notre intuition : les dommages au bateau ont bien été provoqués par un bout-dehors de schooner, en pleine nuit.
Merci pour cette nouvelle tranche de vie !
Bisous à vous
Lolotte
Rédigé par : Lolotte | 19 août 2015 à 13:14
Bonjour,
Nous venons de découvrir votre blog et nous sommes très intéressé car nous envisageons de partir l'année prochaine pour 3 ans avec un passage par les canaux de Patagonie et l'Antarctique si nous nous sentons d'y aller à ce moment-là.
Notre interrogation du moment, c'est l'annexe. La porta bote nous plaît bien de par sa solidité. Que pensez-vous de sa stabilité ? Est-il possible de remonter à bord quand on est dans l'eau sans échelle ?
Merci pour votre retour d'expérience.
Rédigé par : Sandrine sur Brindacier | 19 août 2015 à 22:39
Coucou Lolotte, on est ravis de te savoir fidèle à notre "conversation silencieuse" avec la Bretagne ! Des bises à ton homme, aux enfants et aux potes du coin, Stephane, Bruno, Rico, et les autres…
isabelle et ariel
Rédigé par : Isabelle | 26 août 2015 à 17:21
@ Sandrine et compagnie,
La stabilité de notre “banana boot” est celle d’une barque rigide ordinaire, c'est à dire plus sensible au placement des poids qu'une annexe gonflable, question d'habitude lorsqu'on embarque et qu'on bouge dedans.
Concernant le remontée à bord, la question est pertinente, et nous nous la posons aussi depuis que nous l'avons achetée. Le test de chavirement / remontée à bord figure d’ailleurs sur la liste des choses à faire avant de quitter la Baia de Ilha grande, où les eaux sont chaudes…..
Bon, plus sérieusement, nous ne pensons pas qu’il soit possible de remonter a bord après un chavirement, car l’annexe pleine d’eau ne coule pas mais ne flotte plus assez pour porter le poids d’une personne qui remonterait à bord. Ceci comme toute les petites barques rigides.
En dehors de ces limitations, nous en sommes très contents. Si on arrive à faire nos tests, on publiera une petite note !
Bons préparatifs pour votre propre voyage, les préparatifs sont essentiels et sont déjà une partie du voyage. (Quel genre de bateau est Brindacier ?)
Cordialement
isabelle et ariel
Rédigé par : Isabelle | 26 août 2015 à 17:24