Pour accéder à ce mignon petit coin bien abrité de tous les vents, il a fallu oser s'engager dans le fjord étroit, entre les rives duquel il aurait été difficile de faire demi-tour si on y avait été contraints avant d'avoir atteint l'anse qu'on devinait un peu plus spacieuse, là-bas, à quelques encablures à peine. Lorsque le sondeur a indiqué des profondeurs se rapprochant doucement de notre limite, j'ai cru qu'on ne passerait pas et je me préparais à une marche arrière un peu difficile quand tout à coup, l'indicateur nous a annoncé qu'un seuil était passé et que la profondeur augmentait de nouveau. Ce seuil gênera toute embarcation calant plus d'un mètre cinquante, nous ne serons donc pas dérangés par nos congénères. Il se pourrait même que nous soyons les premiers à nous installer ici, car les bateaux aussi petits que Skol et disposant en outre d'une dérive rétractable ne sont pas légion dans ces eaux difficiles. Même un catamaran, qui passe dans très peu d'eau mais a besoin d'espace pour manœuvrer, hésiterait sans doute à s'engager. En tout cas, aucune carte ni aucun guide nautique ne comporte le moindre détail au-delà d'un contour approximatif du fjord. Pour nous, c'est un abri idéal. Une anse semi-circulaire d'un rayon assez modeste pour qu'on puisse poser nos amarres dans toutes les directions, gage de nuits sereines même par temps venteux. Une jolie perspective dégagée vers les profondeurs du fjord, invitant à la promenade aux avirons ou à l'escalade des hauteurs pelées. Une étroite fenêtre de vue vers la grande lagune, permettant de surveiller l'état du vent et des vagues en dehors de l'abri. Une petite famille de petits dauphins noirs à l'aileron très arrondi vient visiter le fjord tous les jours (1). Quelques pingouins et cormorans pratiquent la pêche à toute heure. Un couple d'ibis est domicilié dans les hautes herbes en bordure de la plage. Il manque tout juste une loutre et un martin-pêcheur pour parfaire le tableau. Les journées passent paisiblement après les grasses matinées à rallonge. Rien ne presse, on est bien.
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Nous découvrirons plus tard qu'il s'agissait de Dauphins Noirs du Chili, espèce endémique dans les canaux mais difficile à observer, à cause de sa timidité.
bonjour,
toujours un énorme plaisir à vous lire.
Merci encore
La Curieuse à Fuerteventura (Canaries)
Rédigé par : Cécile et Yves sur la Curieuse | 17 mars 2017 à 13:02