Pour la première fois, je reviens de ma promenade le cœur gros. Ne va pas à terre, mon ange, c'est terrible. J'en ai l'harmonie toute froissée. D'habitude, les pêcheurs ne laissent dans les abris que quelques amarres pour la saison et abandonnent plus ou moins volontairement des bouteilles ou sacs plastiques, dont je veux bien croire qu'ils ont été arrachés à leurs mains par un vent malin avant de venir se poser sur le rivage ou s'accrocher aux branches. Ariel est très sensible à ces négligences. Les bouts de cordage flottant au fond de la caleta, les ombres de plastique dans les herbes lui rappellent l'irrespect des humains et lui gâchent le plaisir de l'isolement dans la nature sauvage. Mais là, il ne s'agit pas de négligence. J'en suis écœurée. Pots de peinture, étagères démantelées, vieux matelas, batteries, bidons d'huile de vidange, et j'en passe. C'est une véritable décharge !
Nous sommes loin de tout, certes, deux cent kilomètres nous séparent d'Ushuaia, mais pas si loin qu'il faille absolument délester ici les encombrants et les polluants ! Si c'est pollué ainsi à la surface, qu'en est-il sous l'eau ? A la prochaine marée, une nappe irisée caractéristique des hydrocarbures contournera notre coque lentement. Qui fait cela ? Des pêcheurs, évidemment, personne d'autre ne séjourne dans ces endroits (1). Des hommes comme ceux qui composent l'équipage croisé hier, ceux qui sont gentiment sortis de l'abri en nous voyant tâtonner (2), pour nous inviter à y entrer en nous escortant ? Ceux avec qui nous avons partagé un maté en évoquant nos pêches respectives et la dureté de la vie de marin ? Ceux qui nous ont régalés de quelques Centollas géantes et d'un seau d'oursin avec deux rouleaux de PQ en prime, sortis de leur réserve après avoir entendu notre rigolote histoire de pénurie annoncée ? Ceux-là mêmes qui parlent avec les yeux qui brillent de l'expérience presque mystique de la plongée sous-marine, des heures de travail dans cet autre monde, lent, silencieux, obscur, dangereux, juste relié au monde par le tube d'arrivée de l'oxygène ? C'est incompréhensible (3).
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Depuis combien de temps l'information circule-t'elle, qu'ici on peut se lâcher en toute impunité ? Parce qu'il ne s'agit pas de la décharge d'un seul navire ni d'une seule saison.
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L'abri officiellement répertorié dans nos guides, juste un peu plus loin que celui-ci, était interdit d'accès par des amarres barrant l'entrée ? Ce n'est pas la première fois que nous rencontrons ce type d'installation très gênante, mais nous étions pour la première fois sur le point de trancher les cordages à la machette.
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Dommage que nous n'ayons plus le droit de mettre pied à terre au Chili, nous aurions pu signaler la chose aux autorités maritimes pour les inciter à enquêter, à lancer un programme d'éducation professionnelle, que sais-je….
Si loin et pourtant des salopards là aussi!
Très proches de la colère d’Isabelle, nous tempêtons entre autres constats, devant des poubelles où le tri est le dernier souci de certains.
Liste longue et déprimante mais ....pourtant et malgré tout des signes encourageants
Notre planète bleue si belle tout là haut et si belle encore quand on y porte soin et bienveillance .
Si vous passez par Ushuaia , une pensée pour notre Nicolas Hulot qui devant les zadistes de Notre Dame des Landes, a fort affaire pour raisonner certains énergumènes .ils ont gagné puisque l’aéroport de Nantes ne se fera pas et malgré tout ils veulent rester on ne sait pas pourquoi...
Mais plus que jamais bon vent à vous trois
Rédigé par : Liliane et André | 02 mai 2018 à 22:31
6 personas y la mas delgada es Isabelle o Ariel ! Pobre Skol !
Rédigé par : José | 02 mai 2018 à 22:33
@ José
Verdad !
La dieta de centolla no nos engorda !
Hasta pronto en uruguay
Rédigé par : isabelle | 03 mai 2018 à 16:07
@ Liliane et André
Nous nous réjouissons de la victoire des zadistes sur le projet d'aéroport de Nantes, quelle bonne nouvelle !!
Mais j'avoue sentir une très forte empathie pour l'envie qu'ont certains de poursuivre l'aventure du "commun", du "hors système", de faire durer encore leur expérience d'une autre manière de vivre ensemble, qui semblait tenir la route depuis plusieurs années.
Rédigé par : isabelle | 03 mai 2018 à 16:13