Qu'est-ce qu'on fait là ? Penchés sur la terre pendant des heures dans une position que nos muscles de marins ne connaissent pas et qu'ils nous feront payer le lendemain ! Pataugeant dans la glaise collante, y laissant parfois nos bottes ! Pelletant le fumier ! Cueillant la roquette feuille par feuille pour en faire des bouquets présentables au marché ! C'est un aspect de notre projet de vie qui a mûri l'an dernier, l'idée de glaner, le long du voyage retour, un peu d'expérience agricole. Pour voir si ça nous plait, pour préparer l'éventuel achat d'un terrain où planter des arbres, où vivre les cycles saisonniers entiers et où produire, enfin, une portion plus conséquente de notre alimentation annuelle que celle que nos efforts de pêcheurs-cueilleurs fournissent.
Nous y sommes donc. Un à deux jours par semaine depuis deux mois, nous apportons à la ferme d'Alejandro notre force de travail en échange d'une expérience pratique, concrète, tangible. L'établissement, relativement jeune avec ses quatre ans d'âge, compte trois serres de 200m2, vingt poules, une demi-douzaine de cochons, un bébé mouton, deux chats et un chien. La ferme n'utilise aucun engrais ni pesticides chimiques. Dans un environnement envahit par le soja transgénique traité au glyphosate, elle fait partie des quelques petites exploitations qui se désignent elles-mêmes comme agro-écologiques et qui tentent de s'implanter dans la région, dans les interstices entre les villes et les grandes estancias. C'était important pour nous. Tant qu'à modifier son système alimentaire, autant apprendre dès le début les méthodes originales et soutenables de soin aux sols et aux plantes.
Nous retrouvons des souvenirs anciens, les semis de carottes et radis de mon enfance, le jardin fleuri de celle d'Ariel, sa courte expérience du kibboutz, mes années d'élevage de bonsaïs. Souvenirs dans lesquels l'objectif de production ne figurait pas, grosse différence. Nous posons beaucoup de questions et passons du temps à lire, entre deux journées de travail, pour mieux comprendre ce que nous avons juste découvert. Mais c'est surtout l'engagement du corps qui est hautement instructif. Le corps apprend les gestes, les efforts, les distances, les durées, les routines, les soins, les dosages, mille et une chose qui ne s'apprendront pas dans les livres ni les tutoriels vidéos. Le corps s'habitue, s'assouplit, augmente son efficacité en diminuant sa fatigue. Et l'enchainement des activités variées lui fait un effet bénéfique.
C'est sans fin, on pourrait s'y épuiser, mais chaque tâche terminée procure une douce sensation d'achèvement, de réalisation. L'étirement dans le temps de notre stage plus extensif qu'intensif permet de suivre le passage du cycle de la fin de l'hiver au début du printemps (1). C'est sans fin, on pourrait prolonger à loisir et prendre nous-mêmes racine ici. Cependant, nous avons promis à Skol de ne pas laisser la mousse lui pousser au pied du mat et à la famille de rentrer en France l'an prochain. La quadrature du cercle que représente la mise en culture d'une terre par des navigateurs ayant encore envie de naviguer n'a pas besoin d'être résolue tout de suite et c'est tant mieux !
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Les vieux plants de tomates d'hiver ont été arrachés, le sol préparé, les nouveaux plants installés et nous les voyons maintenant grandir, se préparant à la production printanière pendant que ceux qui avaient encore assez de vigueur pour continuer à fleurir et fructifier continuent d'assurer la consommation familiale. Ainsi, il est possible d'avoir des tomates toute l'année … Notre assiette profite amplement de la fréquentation de la ferme. La saveur des œufs coques ultra-frais, les conserves faites avec les épinards invendables mais néanmoins comestibles, des salades quotidiennes. Nous découvrons aussi les multiples usages de la bette, ce légume que nous ne pratiquions jamais avant d'arriver ici.
Ah bigre et bon sang ! Une maison en torchis avec toit végétalisé, mais c'est exactement ce que je veux construire (en plus petit) à mes enfants !
Permaculture les amis, voilà la piste à suivre... On reparlera de tout ça de vives voix, j'espère.
Rédigé par : michel fromm | 11 octobre 2018 à 16:47
@ Mitch,
Oui la maison est autoconstruite en terre crue. J’ai déjà traité le sujet dans mon tout petit blog sur la transition, donc on ne s’étend pas sur le sujet ici.
http://jurancon-skol.typepad.fr/transition/2018/08/total-recup.html
En ce qui concerne la permaculture, c’est exactement la visée de notre programme de formation. Alejandro ne se nomme pas lui-même permaculteur, mais on n’est pas loin.
La bibliothèque numérique du bateau déborde déjà de livres sur la permaculture. Ce qui nousmanquait c’était une expérience pratique.
La maison d’enfants, construit-là avec eux ! Ca sera une aventure magnifique et un apprentissage pour vous tous.
Rédigé par : isabelleharle | 12 octobre 2018 à 17:17
Il est normal d’y penser et et s’y préparer sagement comme vous le faites. Très contents que cette opportunité se présente bien pour réfléchir et prendre une bonne décision à votre retour au pays.Ici il est beaucoup question de revenir à nos bons produits d’antan ,nous ne pensions pas autrefois bio mais naturels tout simplement. Différents moyens s’offrent à ceux qui envisagent cette voie, à commencer par la remise en état de lieux laissés en jachère.
Même si la terre est basse ,ça vaut le coup de s’en occuper par les temps mauvais qui courent
On vous embrasse
Rédigé par : Liliane et André | 13 octobre 2018 à 16:15
@ Liliane et André :
Ces années de voyage nous ont donné le gout de prendre le temps. Nous faisons le pari qu'il en reste assez avant que ça se gâte, assez pour maturer les choses tranquillement.
Rédigé par : isabelle | 13 octobre 2018 à 22:02
Gracias hermanos... capitanes del mar y de la vida. Un gusto y alegría recibirlos en nuestra casa. Esperamos verlos nuevamente. Abrazos enormes y buenos viajes.
Emi, Pau y Ale... capitanes del campo.
Rédigé par : Alejandro | 23 octobre 2018 à 14:18
Queridos amigos,
Ca devient plus clair pourquoi vous aimez la vie terrestre Uruguayenne ( et surtout les plantes qui poussent dans les serres ) Le Canada est devenu le deuxieme pays au monde où on peut acheter légalement cannabis…Le premier pays est l’Uruguay. Depuis 2017 le pays a légalisé la culture, la distribution et la vente.
A la bonheur et hasta siempre.
K&K
Rédigé par : karel et katrie | 30 octobre 2018 à 13:57
@ Ale, Pau, Emi :
Esperamos verlos de nuevo en el futuro quien sabe cuando o donde? Abrazos fuerte!
@ K&K
Vous croyez qu’on était pas déjà au courant? C’est (c’était) notre quatrième séjour en Uruguay!
Et vive le Canada qui embraye , ça va peut-être donner des idées à d’autres.
Rédigé par : Isabelle et Ariel | 02 novembre 2018 à 20:29