Le virus a repris mon homme lors d’une fête à l’intérieur des terres, une de ces fêtes où les paysans se retrouvent pour partager un asado al cuero, une vache cuite entière à feu lent pendant des heures avec sa peau et ses poils ! Les musiciens défilent sur la scène tout l’après-midi, reprenant les airs traditionnels uruguayens et les adultes et adolescents s’endimanchent pour pratiquer les danses de leurs grands-parents. Je parlais du virus de la photographie de « gueules ». Tant mieux ! Il aurait été dommage qu’on reparte de ce pays sans une bonne collection de portraits de buveurs de maté ! (1)
Le pantalon bouffant du costume de danse du gaucho uruguayen n’est pas le modèle le plus ancien. La petite histoire raconte qu’un jour a fait escale à Montevideo un bateau chargé de marchandises en provenance de Turquie, dont notamment un lot de pantalons amples qui fit fureur, au point que la coupe ample finit par supplanter l’originale, plus ajustée, celle que nous avons vue en argentine. Le béret, lui, a un côté furieusement basque. Est-ce un hasard ou le témoignage de l’influence de la culture basque en Amérique Latine ?
Les robes des dames annoncent déjà que la danse traditionnelle sera un peu guindée, un peu surannée, la principale touche de fantaisie chorégraphique étant le pas de danse des hommes à un moment particulier, une sorte de martellement du sol avec les talons, dos droit, poitrine gonflée et regard à l’horizon, pendant que la partenaire fait tournoyer sa robe. La virtuosité des hommes s’exerçait autrefois à faire voler la terre battue de l’estancia. De nos jours les talons des bottes de cuir s’appliquent à faire résonner le parquet de la piste de danse (2).
Ce folklore rural enraciné dans la vieille Europe contraste avec celui des tambours et danses bien plus mouvementées de l’arrière train qui forment la pratique plus urbaine et plus rebelle du candombé . Gustavo évoquait avec le plus grand sérieux le « sang noir » des uruguayens, pour nommer cet héritage des peuples esclaves qui se pratique dans les rues. Les deux folklores paraissent s’ignorer l’un l’autre, peut-être même se méprisent-ils, chacun se pensant la « vraie » tradition du peuple uruguayen. (3)
- Toutes les galeries de « gueules » sont affichées en colonne à gauche de l’écran pour ceux qui lisent le blog en ligne.
- A une autre occasion, j’ai éprouvé une joie coquine à voir mon homme se livrer un peu malgré lui mais néanmoins avec dignité à cet exercice masculin pendant que je virevoltais moi-même devant lui en tenant les bords imaginaires de ma robe et pouffant de rire.
- Les véritables peuples indigènes de ces terres, les charruas et les chanas, ont complétement disparu.
https://www.youtube.com/watch?v=4LyLFIs2d18
tendrement
georges et anja
Rédigé par : Georges | 13 novembre 2018 à 15:01
@ Georges et Anja
La série de portraits "gueules du plat pays" reste à faire, après notre retour. Ainsi que la série "gueules de l'Est", d'ailleurs....
bises à vous deux
Rédigé par : Isabelle et Ariel | 13 novembre 2018 à 15:04