Qu’avons-nous le plus apprécié, dans la prolongation de séjour en Baie de Tous les Saints (1) ? Les baignades biquotidiennes si rafraichissantes auxquelles nous nous adonnions comme des vacanciers ? Les séances de Tai-Chi sur le banc de sable qui nous avait cligné des yeux à chaque marée lors de nos séjours précédents au mouillage d’Itaparica mais dont nous n’avions pas encore pris le temps de marquer de nos pas le sable blanc, comme des découvreurs ? Les trésors de coquillages et d’oursins patiemment collectés au long d’infinies déambulations, chevilles dans l’eau aux grandes marées de pleine lune, comme des gosses ? L’odeur sucrée des confitures cuites à bord avec une tonne de fruits ramassés au pied des manguiers, comme autrefois ? Le salut matinal aux pêcheurs du village et l’observation de leurs techniques variées, épervier, filet dérivant, battue, haveneau, harpon, comme si notre curiosité n’était toujours pas rassasiée ? Les couchés de soleil flamboyants avec lesquels nous honorions le rendez-vous chaque soir, comme des retraités paisibles ? La texture granuleuse du chocolat exceptionnel fabriqué à l’auberge (2), bon comme nulle part ailleurs ? Tout ça, oui, et aussi le fait que nous prenions le temps, comme si c’était la dernière fois et comme si on pouvait se le permettre. (3)
- Sans doute la plus grande baie du Brésil mais certainement pas la plus belle. Les endroits potentiellement bucoliques pour un petit séjour à l’ancre sont souvent affectés d’une tare impardonnable, comme la présence immédiate d’une raffinerie de pétrole au nord ou la prédiction d’une agression physique dans les méandres de l’ouest. Et aucun relief significatif ne vient rompre le paysage monotone de mangrove.
- Cacao cultivé dans l’état de Bahia, fève torréfiée, égrenée et moulue sous nos yeux. Du vrai chocolat artisanal, local, à soixante-dix pourcent de cacao. Il n’est pas exclu qu’une fraction du stock embarqué survive à la traversée de l’océan pour une dégustation à l’arrivée en France.
- L’avenir allait nous donner raison. C’était bien notre dernier mouillage tropical-plaisir. Le séjour à Jacaré, plus au nord, serait consacré à la préparation de Skol pour la longue traversée retour. Nous ignorions encore qu’Ariel allait être rappelé en France en urgence.
Bonjour Isabelle,
Tu écris : "Tout ça, oui, et aussi le fait que nous prenions le temps, comme si c’était la dernière fois et comme si on pouvait se le permettre"
J'ai de plus en plus le sentiment que disposer de temps est notre plus grande richesse, surtout en voyage et surtout en voyage à la voile ! De plus, il faudra bientôt aussi que tu prennes le temps "d'écouter pousser tes légumes" ;-)
Nous sommes toujours à La Palma (Canarias) où nous attendons patiemment la bonne fenêtre mto pour traverser confortablement vers les Açores.
Amitiés à tous les deux
Rédigé par : Yves sur la Curieuse | 23 avril 2019 à 19:57
holá Isabelle,
Ce n'est que ce matin que je me suis rendu compte de ma maladresse, lorsque j'écrivais hier dans mon commentaire :"d'écouter pousser tes légumes". Tes soucis auditifs m'étaient sortis de l'esprit ! Je te présente mes excuses !
Bonne journée
Yves
Rédigé par : Yves sur la Curieuse | 24 avril 2019 à 10:58
@ Yves,
Même pour une sourde, ça parle ! “Ecouter pousser les légumes", une très belle formule pour décrire ce à quoi j’aspire maintenant (entre autres).
Et pour ça, oui, il faudra continuer à protéger le temps contre l’invasion par les routines terriennes.
Rédigé par : isabelle | 02 juin 2019 à 18:59