Un petit port de pêche un peu moins difficile d’accès que Mundaka. Il faut tout de même passer la barre* à la bonne heure, car à marée basse elle est infranchissable. Nous approchons donc à mi marée montante, à petite vitesse, les yeux rivés sur le sondeur, sans avoir exactement où elle se trouve ni à quelle hauteur elle sera. Après la barre, on trouve un quai au centre ville ou un simple ponton sans commodités sur l’autre rive, ce qui fait que les voiliers sont très peu nombreux et ne restent pas longtemps. Pour nous, c’est un petit paradis où nous resterons 4 jours, nos 4 derniers jours espagnols.
Comme à chaque escale depuis San Sebastian, nous voyons passer des cheminants, ceux qui ont choisi le Camino del Norte pour rejoindre Compostelle. Il existe en effet non pas un Chemin de Compostelle mais tout un réseau de chemins, selon le point d’où l’on part. Clin d’œil à notre passage en Galice, souvenir du jour où nous avons brûlé quelques mèches de cheveux au Cap Finisterre, point ultime de la marche, au-delà de Compostelle.
Les sidrerias et bars sont pleins de touristes, principalement espagnols, mais il y a aussi un flux d’étrangers. Beaucoup d’entre eux s’intéressent aux sites d’art pariétal dont la région est riche. La grotte paléolithique Tito Bustillo, qui recèle des peintures rupestres de 14 000 ans d’age se trouve à 10 petites minutes de marche du centre ville, mais il ne nous sera pas possible de la visiter: “le planning est complet jusqu’à la mi septembre!“. En marchant vers la grotte, nous évoquions doctement les grottes de Lascaux, leur dégradation du fait de l’excès de présence humaine et la nécessité de contingenter sévèrement les visites, pour préserver ce type de patrimoine fragile. Nous ne pensions pas que cette règle allait s’imposer à nous… certes, nous aurions pu savoir à l’avance qu’il fallait réserver, si nous avions poussé notre préparation du printemps. Mais nous n’étions de toutes façons pas certains de pouvoir arriver jusque-là, à cause des contraintes de la météo et il auriait été difficile de choisir une date de visite deux mois à l'avance. Déception de rater ainsi une occasion assez unique, frustration éternelle du voyageur qui circule et ne séjourne pas assez longtemps en chaque lieu. Il aurait fallu plusieurs semaines de pause dans la navigation pour rendre cette visite possible.
Cela dit, l’objectif de cette escale était, d’abord et avant tout, de préparer et accomplir une excursion dans l’intérieur des terres, projet qui ne nécessitait qu’un rendez-vous avec une journée pas trop nuageuse. Et, bien que les Asturies soient connues pour leur pluviosité, nous avons bénéficié d'une journée de plein soleil…. (a suivre).
* La barre est un banc de sable qui se forme à la sortie des cours d’eau, à l’endroit ou le flot de la rivière se calme dans l’élargissement de l’estuaire, et n’entraîne plus avec autant de vigueur les particules provenant de l’amont. C’est là aussi que s’accumulent des sables repoussés par les vagues du large. La conjonction de ces deux phénomènes se produit en un point variable, selon les crues de la rivière et les tempêtes de la mer. La carte nous annonce une position approximative et une profondeur de 30cm à marée basse et les instructions nautiques n’imposent pas le recours à une aide locale.