La montée est raide mais délicieusement fraîche
car elle se fait sous le couvert végétal. Dans l’autre sens, nous aurions gravi
la pente sous le soleil écrasant, mais c’est juste le hasard d’une mauvaise
orientation initiale qui nous a conduits à l’aborder dans ce sens. Merveille du
lâché prise, malgré l’absence des signaux pour marcheurs annoncés sur le papier
de l’office de tourisme. La montée est tranquille, nous ne croiserons que
quelques très discrets couples ou familles, croisements fugaces puisque les
autres descendent, pour la plupart. Ils ont trouvé les signaux que nous n’avons
pas trouvés, eux ? Non. Ils sont simplement arrivés à Cuevas en voiture et
le balisage est mieux fait à partir du parking qu’à partir de la petite
gare !
La Ruta de Los Molinos borde les rives d’un solide ruisseau jalonné de vestiges de moulins ... à EAU. Quelle surprise! Ce n’est pas du tout ce que nous nous attendions a trouver ! Nous avions tous deux traduit le nom du chemin par des images de moulins à VENT perchés sur les crêtes, tout droit sortis de la littérature ibérique...
Nous apprendrons plus tard que les asturiens ont commencé au moyen âge à utiliser la force hydraulique pour remplacer le bras de l’homme. La présence de très nombreux cours d’eau dans ces montagnes bien arrosées a alors permis le développement d’une petite industrie meunière associée à la culture de l’épeautre, céréale rustique adaptée à la montagne. Il n’en restait ici plus que des vestiges, mais il y en avait bien 6 ou 7 pour exploiter cette petite vallée de ruisseau escarpée, pourtant peu accessible aux chargements de céréales et de farine. C’est dire combien il devait y en avoir dans la région autrefois ! [1]
Après deux heures et demie de grimpette, nous émergeons entre les eucalyptus d’altitude et découvrons la vue sur les vallées arrière. Et, loin au-delà de ces vallées, d’autres sommets, et au-delà de ces sommets, de nouveau, les Pics de l’Europe. La descente est sublime, par ce temps clair, les arêtes rocheuses succèdent aux vallées verdoyantes. Un grand plein de minéral et de végétal avant de retrouver le bleu de la traversée retour.
[1] Dans leur détermination à produire et utiliser la puissance hydraulique, les asturiens ont aussi développé des moulins à marée, qui fonctionnaient à marée descendante, alimentés par un petit barrage d’eau de mer rempli à marée haute. Mais nous n’avons vu aucun de ceux-là, le dernier se trouve dans la Ria de Villaviciosa, plus loin à l’Ouest.
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