Depuis quatre jours et cinq nuits, le ciel est plombé, couvert de trois ou quatre couches de nuages qui interdisent à la lumière du soleil de nous donner le plein jour et barrent totalement le passage aux rayons de la lune ou des étoiles. Depuis quatre jours et cinq nuits, le tonnerre gronde et les éclairs s'immiscent entre les strates nuageuses, éclairant fugacement notre environnement. Les orages sont partout, à 360° (1). On ne sait plus à quelle distance ils se trouvent. Compter le temps entre la lumière et le son ne sert à rien, impossible de savoir à quel éclair correspond tel fracas sonore, les choses sont tellement confuses. « Fin de la pluie, mais l'orage continue », raconte notre journal de bord, dans une tentative de nous rassurer nous-mêmes en couchant nos impressions sur le papier, « éclairs permanents, c'est magnifique, trop proche et terrifiant ». Même quand le vent se calme, « mer énorme, déferlantes et éclairs quasi continus, j'ai peur de sortir ». Une ambiance de fin du monde. Une pensée nous envahit parfois: les hommes pourraient avoir entamé la troisième guerre mondiale, la guerre nucléaire totale et nous ne le saurions pas (2).
Et puis, un jour, le soleil tente une percée. C'était un jeudi. Le vendredi matin nous avons droit à notre premier timide soleil levant depuis six jours. Le samedi soir nous contemplons le premier crépuscule non totalement masqué par les nuages depuis sept jours. A chaque fois, le couvercle céleste se referme. Le dimanche, un phénomène de halo spectaculaire enlumine l'après-midi. Et dans la nuit qui suit, enfin, le ciel se dégage, libérant la voie lactée de sa sombre prison, juste à temps pour l'éclipse totale de lune, laquelle a la merveilleuse idée de survenir au moment du changement de quart. Ariel assiste à l'assombrissement de la nuit, me passe le relais, puis je veille tranquillement au rétablissement de la lumière nocturne.
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Il y a habituellement au large de Porto Allegre, dans le sud du Brésil, une zone d'instabilité climatique qui ressemble fortement au « Pot-au –Noir » proche de l'équateur. Calmes et vents forts se succèdent baignés d'orages et de pluies torrentielles. Mais cette année, l'instabilité semble particulièrement étendue et active. Un effet « El Niño », pense Ariel.
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Nous ne sommes pas à l'abri d'un nouveau conflit généralisé. L'obstination avec laquelle nos gouvernements répondent à la violence par la violence, à la faim par l'aumône juste insuffisante, aux migrations par le rejet, aux conséquences de notre développement par le déni et la pingrerie, aux instabilités des autres états par l'interventionnisme fondé sur une idéologie discutable et de plus biaisée par l'intérêt, cette obstination nous expose chaque jour plus au risque d'escalade armée.
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