Le garde-faune en charge de la surveillance de la réserve naturelle nous accueille un peu froidement, bardé d'interdictions variées, puis s'adoucit jusqu'à accepter de faire de petits achats de produits frais pour nous au bourg le plus proche qui se trouve tout de même à quarante kilomètres de là. Nous sommes à trois jours de noël et il comprend que nous ayons envie de tomates fraiches et quelques autres chose simples à acheter.
Le temps est lumineux et sec. Nous ne sommes toujours pas accoutumés à l'incroyable sécheresse de l'air qui règne le long du littoral de l'argentine. Les paysages sont arides, mais beaucoup d'animaux parviennent à y vivre. Sur terre, des troupeaux de guanacos sereins, des tatous véloces, quelques renards confiants et toutes sortes de rongeurs, à en juger par les terriers, les monticules de petites crottes et l'abondance de rapaces. Les animaux qui meurent ici, s'ils ne sont pas dévorés rapidement par les charognards se momifient sur place. Le sol brun, ocre, rouge, gris regorge de cailloux magnifiques pour qui sait les voir au milieu des pierrailles quelconques. Ariel fait le plein de galets lisses colorés ou incrustés de pierres semi-précieuses et découvre quelques obsidiennes ou silex taillés par la nature comme des pointes de flèche (1). Les eaux sont également abondamment peuplées. Une troupe d'otaries nous a salués à l'entrée en sortant la tête de l'eau comme pour mieux voir qui nous étions. Elles nous souhaiteront bon voyage à la sortie. Une colonie de petits pingouins niche non loin de là et les variétés locales de canards, grèbes, aigrettes circulent sur les eaux et les rives calmes de cet abri naturel.
Nous espérions garder la Caleta Sara rien que pour nous pour une petite fête de noël intimiste dans cette nature sauvage, mais non : deux petits voiliers gréco-allemands surgissent la veille et s'installent à nos côtés. Comme ils sont amis de nos amis turcs, Ugur et Maral, nous ne sommes pas tout à fait des étrangers. Nous assemblerons les victuailles et talents des trois bateaux pour une veillée sous les mugissements du vent.
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Peut-être même ont-elles été taillées de la main de l'homme, par les chasseurs de ces tribus indiennes qui vivaient ici avant d'être décimées par le colon, malgré la législation visant à les protéger. Les indiens chassaient le guanaco avec discernement et en utilisaient la chair, la peau, les os pour leurs besoins.
La Patagonie côté Argentine, que je ne connais pas, ça semble bien plus accueillant que côté Chili, que je connais, à la même latitude.
Quelles photos superbes !
Rédigé par : Marie Noëlle Castan | 12 janvier 2016 à 12:14