La rivière n'en fait qu'à sa guise. Un jour elle est trop haute et ne descend pas, le suivant elle est très basse et ne monte pas. La table des marées ne l'impressionne nullement, semble-t-il. Les autorités ont beau lui dicter les horaires et les hauteurs d'eau règlementaires, deux fois par jour, selon leurs savants calculs basés sur la lune et les moyennes historiques, elle n'en a cure. C'est bien plus rigolo de jouer avec les vents qui, dehors, poussent l'océan à sa rencontre quand ils soufflent du sud et lui font comme un barrage au-dessus duquel elle tente de s'élever pour continuer à s'écouler. C'est bien plus agréable pour elle de se laisser gonfler ou dégonfler au gré des pluies qui tombent à l'intérieur des terres, loin en amont. Nulle routine ennuyeuse, nulle prévision qui vaille, vive l'improvisation !
Nous avions bien détecté une sorte de tendance et tenté à plusieurs reprises de prendre rendez-vous avec le petit jour en phase de pleine lune pour aller poser notre Skol dans la boue du rivage, sans succès (1). Alors, au lieu de renoncer à un nettoyage de coque qui me semblait important, j'ai ressorti les ouvrages du bord sur les techniques de carénage à flot, me souvenant vaguement de gravures anciennes montrant de fiers galions inclinés sous la traction de grappes d'hommes déhalant des drisses frappées haut dans la mâture, et dont les flancs, ainsi dévoilés, pouvaient être gratouillés par d'autres hommes, embarqués dans les canots et armés de brosses à longs manches. Forte des instructions paternelles (2) doublées de témoignages recueillis dans mon forum de voile préféré, je persuade rapidement mon co-capitaine de la faisabilité de l'opération. Une expérience efficace et amusante.
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L'hiver, le froid, les journées courtes et le risque que notre maison reste coincée dans la boue faute d'assez d'eau pour flotter à nouveau, tout ça nous a rendus prudents.
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Une fois de plus, je suis retombée avec émotion sur les facéties de mon père dans les pages d'une vieille version du Cours de Navigation des Glénans. Précisant par exemple que c'est, contrairement à toute attente, l'équipier bachelier qui doit monter au mât, car il a subi avec succès l'épreuve de gymnastique, tandis que celui qui n'a pas son bac peut rester en bas.
Bonjour Isabelle,
Nous devons avoir lu, notamment, la même version du cours de navigation des Glénans.
Je me suis toujours demandé qui, dans le même cours, a rédigé le passage concernant l'apprentissage de la godille. Ces lignes me font franchement rire à chaque lecture !
D'après toi, serait-ce également l'auguste Philippe ?
amicales pensées
Yves
Rédigé par : Yves sur la Curieuse | 15 août 2018 à 10:34
@ Yves : Propulsion à l'ancienne.
Oui, le chapitre sur la godille qui évoque LES RESSOURCES AMBIGUES DE LA VOIE OBLIQUE est bien de la plume de papa, j'en parlais déjà ici http://jurancon-skol.typepad.fr/skol/2009/08/les-ressources-ambigu%C3%ABs-de-la-voie-oblique.html
L'aviron que nous avons fait tailler en espagne en 2009 nous a quitté en 2014 au cours d'une grosse tempête à l'entrée du Rio de la Plata, où nous sommes actuellement.
Amicalement
Rédigé par : isabelle | 15 août 2018 à 19:58
A l’ancienne oui, cela se fait dans le Quequen Grande oui! Votre histoire est très bonne Isabelle, alors vous habituez et ce n'est pas si terrible que je voudrais être et vous pouvez voir que c'est aussi rebelle et jugétal que moi, nous retrouvons coincés au moins dans certains. Salutations à Ariel et affection aux deux.
Rédigé par : Alvaro | 16 août 2018 à 07:36