En faisant il y a peu le point sur l’état d’avancement de mon projet « vers un train de vie plus équitable », je concluais sur l’impression de passer à côté de l’essentiel.
Qu’est-ce qui est essentiel ? Qu’est-ce qui est marginal ? Quels changements dans mon mode de vie sont significatifs et lesquels sont juste des baumes à ma conscience ? Voilà des questions que je remets souvent sur le tapis, car les réponses ne sont pas toutes encore stabilisées pour moi. Et d’ailleurs, le seront ’elles jamais ?
Malgré cette façon qu’ont mes certitudes temporaires de continuer à changer même là où je les pensais fermement assises une toute autre conviction émerge, d’une toute autre nature et qui me met en joie, autant qu’il est possible d’être en joie dans notre société et époque consternante. La conviction que l’histoire du train de vie équitable n’est qu’une petite partie de l’équation, la conviction que ce qui compte aussi et même plus encore c’est à quoi je consacre ma vie, à quoi je sers, en quoi je contribue.
Je me trouve ces temps-ci positionnée presque exactement à la place où je rêve d'être, une place encore inaboutie mais qui sonne déjà juste, me fait me sentir ancrée, reliée, alignée. Toujours en apprentissage de métiers incroyables et réjouissants : maraichage en agriculture naturelle, pépinière dédiée aux forêts comestibles, la production de nourriture saine et locale, activité que je pense au cœur des solutions pour un monde meilleur. Engagée dans une aventure de « faire collectif » avec des orientations plus ou moins radicales et les remue-ménages que cela provoque au sein de mon collectif intérieur. Débarrassée du sentiment d’urgence. Finie la peur d’être en retard par rapport au changement climatique et sociétal. Je reconnais ne pas pouvoir avancer plus vite (1) et je l’accepte. Tranquille aussi avec l’idée de ne pas devoir choisir « la » bonne région. Mon mode de vie en alternance entre Bretagne et Limousin me plait bien, avec ses conforts et ses désagréments et j’en ferai volontiers mon programme pour quelques années, le temps de voir comment tout ça se tricote, les humains, la vie des sols, la production végétale. Il me semble que je serai la bienvenue où que j’aille, parce que j’apporte une pratique précieuse, orientée vers le long terme et que je le fais avec générosité, sans tenter d’en tirer avantage. Sereine face aux pronostics de collapse financier. Tant de gens doivent aborder l’avenir avec moins de réserves que ce dont je dispose.
Un train de vie plus équitable ... bonne idée de départ mais c'était peut être en réalité seulement la première marche du projet. Finalement, ça traite seulement le coté "dépense" de l'équation de vie. Il s'agit "juste" de moins nuire aux écosystèmes. Honorer une obligation minimale. Indispensable mais amplement insuffisant.
La seconde marche serait celle dans laquelle je me découvre engagée, celle de l'activité productrice, la contribution au commun, la création. Joie. Même si ça semble encore bien modeste, face au problème à traiter, joie, joie.
Est-ce qu'il y a une troisième marche ?
A suivre...
- J’ai même le sentiment d’avoir avancé diablement vite, dans une période pas favorable aux projets et alors que j’ai eu longtemps les semelles plombées par une séparation douloureuse. Joie d’avoir, il me semble, réussi à surmonter cette dernière tempête de mon voyage sur l’eau sans entraver les premiers pas du voyage terrien.
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