Yann est venu ce week-end à Rangarnaud, présenter à vingt personnes un état de ses connaissances et de sa pratique en matière d’Agriculture Naturelle. L’intention était principalement de donner à des jardiniers amateurs les moyens de produire les légumes de leur famille toute l’année sans travail du sol (même pas une grelinette) et sans intrants (même pas un purin d’ortie). Il y avait aussi dans l’audience, un paysan-boulanger soucieux de produire son blé sans travail du sol, un maraîcher en questionnement sur l’avenir de sa pratique, une représentante d’Alternatiba à la recherche d’un moyen de lancer une pratique vertueuse en milieu urbain, une porteuse de projet éducatif pour les scolaires de sa ville, un représentant de Terre de Liens, et d’autres profils.
Il me semble bon de rappeler ici que le non-travail du sol ne signifie pas le non-travail des humains. Cette pratique est gourmande en main d’œuvre car très peu outillée. Par ailleurs, une approche basée sur la coopération avec le vivant - plutôt que la lutte contre les adventices, maladies, ravageurs - implique un minimum de proximité physique avec le sol et ses hôtes qui, en cadeau retour, procure un bien être physique et mental dont les urbain-es et les machinistes sont privé-es.
Il me semble pertinent de rajouter également que, bien que simple dans ses principes, l’Agriculture Naturelle nécessite l’acceptation d’un certain niveau de complexité; il s’agira de modifier des équilibres et d’en chercher de nouveaux, avec une foultitude de paramètres pas tous connus. On se garde de l’illusion qu’on a tout compris, car le fonctionnement du sol reste encore un vaste mystère. On évite d’imaginer que les années se succéderont à l’identique. On n’espère pas grand-chose à court terme car la remise en route des processus du vivant peut prendre plusieurs années, lorsque les sols sont très endommagés.
Toute émue de tenir ce stage sur ce lieu au sein duquel je suis impliquée depuis plus de deux ans, j’étais assez fière de pouvoir montrer le potager qui présente en modèle réduit l’ensemble des situations de culture: légumes d’été, légume d’hiver, couverts végétaux à divers stades et même quelques placettes de blé de collection juste germés.
J’ai immensément savouré d’entendre combien Yann a gagné en densité oratoire et combien les questions des participants étaient riches et éclairées. J’ai aussi rudement apprécié de voir la coopération entre les humains se manifester avec tant de fluidité. Une captation audio a été réalisée, dans l’idée de nourrir et encourager un projet de publication. A suivre.
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.