Nous n’imaginons pas ce que l’énergie abondante et pas chère à fait à nos vies humaines. Nous déléguons les tâches de subsistance aux machines ou à des personnes mal payées pour nous investir dans des tâches plus valorisantes ou simplement mieux payées, bien que pas forcément plus utiles à la société (1) .
Le "nous" dans mon écriture est un choix d’ humilité. J’ai moi aussi vécu dans cette logique pendant plus de cinquante ans, et j’y suis encore bien trop souvent. J’ai par exemple récemment choisi d’acheter neuve une pièce pour mon van de 300 000 km au compteur, pièce que j’aurai pu trouver en casse, au prix de quelques heures de coups de fil, visite et démontage. Elle vient probablement de chine, où les conditions de production laissent à désirer socialement et environnementalement, elle est emballée, elle a parcouru des milliers de kilomètres, est arrivée par les mains d’une livreuse mal payée. Bon, au moins, je vais faire la réparation moi-même, dans un atelier associatif.
Reprendre la main sur les conditions de poursuite de notre vie implique d’y mettre plus que la main. C’est tout le corps qu’il faut engager, et du temps. Car quand on reprend la main, on change l’échelle d’exécution des opérations, de l’échelle industrielle à l’échelle artisanale. Or le principe même de l’industrie est de produire beaucoup et vite, justement au moyen de machines souvent grosses et sophistiquées, et d’énergie. Et nous sommes habitué-es à ça. La tentation d’acheter ou de faire faire est donc toujours au coin de la rue, prête à nous séduire.
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