Si je n’ai pas écrit depuis quelques temps, c’est peut-être parce que j’hésite. L’intention de ce blog était de rendre compte, au fil des mois et années, de mon propre parcours de transition depuis la prospérité occidentale vers quelque chose de plus équitable. Je m’imaginais sur une trajectoire allant vers un certain nombre d’éléments de mode de vie, décroissance, rusticité, sortie du système de consommation, réduction de mon empreinte carbone, de mes déchets, de ma consommation d’énergie en général, résistance au tout-connecté. Ou plutôt, comme je l’évoquais dans un billet de 2018 ou 2019, j’espérais maintenir le niveau de ces paramètre proche de celui qu’il était pendant ma vie en voilier, j’espérais ne pas me remettre à gaspiller l’eau, l’énergie, l’espace et les ressources comme la vie terrienne vous y invite si puissamment.
Alors ? Où en suis-je sur ce chemin ? La trajectoire reste-t’elle la même ? Qu’est-ce qui a changé ? Qu’est-ce qui n’a pas changé ?
Il me faudra bien un jour élire un lieu dans lequel rassembler mes affaires, et investir dans la terre et les infrastructures, mais pour le moment l’éphémère du nomadisme, le minimalisme obligé du format camionnette aménagée, me maintiennent désencombrée, et j’y trouve une forme de liberté. J’ai le privilège de pouvoir n’aller voir que des gens que j’apprécie beaucoup, et pratiquement que des lieux où il y a quelque chose de sympa à faire avec les végétaux. J’apporte des plantes, à installer, et je prélève des bouts de plantes, à multiplier ou à installer ailleurs. En fait, je suis une sorte de trafiquante en matériel végétal, avec toujours des sacs de semences et deux ou trois caisses de pots comportant jeune plants, boutures, greffons (surtout en cette saison) en soute.
Les habitats entre lesquels je circule me donnent à réfléchir sur ce à quoi j’aspire vraiment. La plupart sont trop confortables, trop bien finis, trop bien équipés et trop grands pour mon désir de « chez moi ». Je veux un petit cocon qu’il soit possible de tenir au sec et de chauffer facilement, cela n’a pas changé. Et je souhaite, si c’est possible, reporter dans un « commun » les pièces collectivisables : cellier, buanderie, chambre d’amis, vaste cuisine collective pour quand on reçoit. En complément, j’aurai évidemment besoin d’espaces techniques pour l’activité agricole. Ça, c’est nouveau. Je prend proogressivement la mesure des bâtis et équipements pertinents pour exercer mes activités futures dans de bonnes conditions. Je me voyais construire de mes mains une petite maison en terre crue. Si cela advient, elle ne sera pas isolée dans la nature, elle devra côtoyer au minimum une vaste grange !
Ceci m’amène à un autre aspect de la trajectoire de transition, celui de l’énergie. Ma position a bien changé dans ce domaine. Non seulement je brûle un bilan carbone significatif avec mes fréquents déplacements en van, ce qui peut être versé au titre de ma formation, mais par ailleurs je n’ai plus l’intention de chercher la déconnexion complète du réseau électrique. Cette discussion fera l’objet d’une note dédiée, bientôt.
Le plan sur lequel je ne suis plus mais alors plus du tout dans ma trajectoire imaginée et désirée, c’est celui de la connexion. La pauvre de moi est redevenue accro à son smartphone (bon, un faiphone tout de même), pour tout un tas d’usages, pas tous raisonnables. Autant il est opérant d’optimiser les kilomètres parcourus avec les logiciels de routage, lorsque je dois me rendre dans des fermes bien souvent isolées, autant la consultation multiquotidienne de mes mails ne se justifie aucunement. Mais j’en suis là. Guère mieux que les autres, tout juste ai-je, jusqu’à maintenant, réussi à résister encore et toujours à face-de-bouc, malgré les fréquentes sollicitations de groupes bien sympathiques ou les évocations insistantes de tout ce que je rate.
En matière d’eau, je suis, il faut le dire avec fermeté, tout à fait exemplaire pour une occidentale. D’abord, je ne fréquence presque que des lieux à toilettes sèches. Donc, pas de chasse d’eau, qui représente la plus grosse consommation de lae citoyen-ne moyen-ne. A tel point que je suis désormais gênée quand il m’arrive de souiller de l’eau potable avec mon caca. Ensuite, oserais-je écrire sans rougir le nombre de douche(s) que je prends chaque semaine? Presque personne ne s’est plaint de mes odeurs corporelles (3) que pour ma part j’apprécie. S’il le faut, entre deux douches, une petite toilette de chat dans un bol d’eau chaude me suffit. Une fois réglés ces deux postes de consommation d’eau principaux, le reste est anecdotique. La question de l’eau reste toutefois un point de vigilance car elle est essentielle dans l’activité agricole, surtout en maraichage. Je n’ai pas encore réussi à établir avec certitude si l’agriculture sous couvert végétal consomme moins d’eau, grâce à une réduction de l’évaporation du sol, ou bien si le surplus d’eau qu’il faut, quand on arrose, pour traverser le couvert et atteindre le sol, efface le gain. A suivre.
Concernant la consommation de biens marchands, je me trouve carrément ascétique. Je crois que j’ai rayé définitivement de ma vie l’activité « shopping », préférant entrer dans un magasin vendant des choses non alimentaires et non agricoles uniquement lorsque j’ai un besoin précis, dont j’ai différé autant que possible le moment d’y répondre, en jouant d’un tas de subterfuges comme l’acharnement réparatif, le mode dégradé, l’emprunt, la récup, la substitution, l’achat d’occasion, etc… Et ça me plait comme ça. Il faut voir l’état du petit ASUS sur lequel je tape actuellement cette note. Je refuse de charger de nouvelles et merveilleuses applications parce que je n’ai plus de place mémoire. L’écran n’est plus tactile que sur le quart inférieur droit, sous la fissure provoquée il y a trois ans au Chili (4). Je ne compte plus le nombre de remarques que j’ai déjà reçues sur l’urgence de le remplacer, ni les avertissements qu’il va me laisser en rade incessamment sous peu. Vous savez quoi ? Je suis prévenue, donc je fais des sauvegardes régulières. J’ai ainsi l’impression de m’acclimater par avance à une époque à venir où ces comportements seront devenus évidents, lorsque l’abondance, elle, le sera moins.
Il est temps de clore ce billet, malgré une impression de ne pas avoir encore traité l’essentiel… laissons mijoter.
- Où je fais actuellement un stage de six semaines en pépinière.
- Il faut préciser que je suis en jeûne long, donc encore plus sensible au froid que d’habitude.
- Politesse ? Ou bien c’est ce sacré COVID, qui minimise les contacts de grande proximité.
- Par une malencontreuse chute sur sol carrelé, la veille de notre départ pour le grand retour vers l’Europe
Bonjour Isabelle, j'attends le billet sur l'énergie. J'ai choisi un dôme géodésique parce que ça résiste très bien au vent, c'est rond comme un cocon et facile à chauffer!
J'ai aussi réalisé que prendre une douche tous les jours est une ineptie! pas de retour sur une éventuelle odeur de mes amis non plus! ce que ça coûte en terme d'eau, de produits, de maladies...Bon dimanche Patricia
Rédigé par : patricia | 11/04/2021 à 11:44
@ Patricia : Le texte sur l'énergie est pour le moment trop technique à mon gout, il faut que je simplifie mon propos avant de le mettre en ligne, mais ça vient !
Rédigé par : Isabelle | 12/04/2021 à 12:02