Nous avons croisé récemment quelques voyageurs en voilier dont les projets semblaient bâtis pour tenir au chausse-pied dans un calendrier trop serré pour la tâche. Les deux derniers équipages, notamment, avaient des projets en miroir : le tour complet du continent sud-américain en une seule année, chacun dans un sens. Et tous les deux avec de petits bateaux, l'un juste un peu plus petit que notre Skol, l'autre juste un peu plus grand. Dans l'absolu, certes, la distance à parcourir ne dépasse pas les capacités d'un voilier raisonnablement conduit. C'est d'ailleurs cette idée de vitesse théorique du bateau qui a prévalu dans l'élaboration des deux projets en question, qui se sont, toujours sur cette base théorique, complexifiés de rendez-vous avec des équipages à débarquer et embarquer à date prédéterminée et des billets d'avion à réserver à l'avance. Mais en pratique, une année entière de voyage, qui semble à peine une parenthèse dans une décennie de vie citadine, laisse largement la place à la survenue d'aléas susceptibles de ralentir la marche forcée. Et par ailleurs, au beau milieu du tour de ce continent, quel que soit le sens de rotation, on tombe inéluctablement sur la Patagonie qui, en elle-même, est à la fois une merveille incommensurable et un aléa colossal.
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