La pluviométrie depuis février est faible à en faire peur, et les températures ont été inhabituellement élevées, très précocement. En mai, j’avais déjà conscience d’un déficit, mais j’ai parié que la pluie reviendrait, nous sommes en Bretagne tout de même. En juin, je me suis absentée dix jours au moment où il aurait fallu commencer l’irrigation régulière, et quand je suis revenue, les choses étaient jouées pour les cultures du premier groupe. Le blé était déjà jaune, les fèves noires, les feuillages des pois jaunissaient, l’ail était de toutes façons sec à la suite d’une maladie fongique survenue plus tôt, lors d’un épisode chaud / humide qui n’était pas à sa place.
Le pauvre ail n’a pas réussi à s’en remettre. Nous avons sorti de terre des têtes de la taille d’une balle de ping pong dont j’hésite à garder les moins maigres pour replanter l’an prochain.
Les fèves plantées en novembre sont décentes, car elles ont au moins profité des pluies de l’hiver. Et j’ai pu en manger quelques assiettées en frais prélevées sur les pieds généreusement chargés. La série plantée en mars a produit à peine autant que ce que j’ai semé. Je me console en me disant que les survivantes sont drastiquement sélectionnées pour tenir tête aux limaces lors de la germination et à la sécheresse ensuite.
Les pois semés en novembre avaient tous été raflés par les gastéropodes affamées et ceux semés en mars ont produit un joli mélange équilibré en diversité, ce qui me réjouit pour cette seconde année de culture en population métissée, mais ils ont cessé de fleurir très vite, à cause des chaleurs extrêmes et ne sont pas repartis ensuite, faute d’eau.
Les fèves et pois étaient déjà récoltés, battus, vannés et totalement séchés au 10 juillet, un séchage parfait que j'ai eu du mal à atteindre l’an dernier, a l’issue de maintes parties de cache-cache avec la météo pour faire avancer le séchage durant le mois d’août.
Ce printemps sec m’alerte sur cette catégorie de cultures, celles destinées à fournir la protéine végétale sans irrigation, les légumineuses d’hiver et printemps. Il va falloir, à l’avenir, qui que soit la personne en charge, les semer plus tôt, voire multiplier les séries entre novembre et février, dans l’espoir d’assurer une production.
Il m’alerte aussi sur la collecte d’eau de pluie, que nous ne faisons pas encore ici, ou bien l’usage du puits, qui reste encore à équiper d’une pompe et à re-tester pour les staphylocoques. En attendant le jour où l’eau prendra un rang élevé dans les priorités de mes cohabitants, je me retrouve à choisir d’irriguer avec de l’eau potable et chlorée, ce qui me chiffonne certains jours, ou de prendre le risque de perdre certaines cultures. Pour le moment, j’enchaîne les heures d’aspersion lorsque le thermomètre et le soleil cognent durant plusieurs jours d’affilée. Ensuite, la température redescend, nous sommes en Bretagne tout de même, et l’humidité nocturne recommence à soutenir les plantes.
Quand aux arbres, je bénis régulièrement la mise en place de ronds de bûches empilées autour de certains des jeunes que nous avons plantés cet hiver, cela diminue d’autant le nombre de ceux que je dois soutenir chaque semaine. Mais je gage qu’il y aura de la perte.
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