Il y a quelques jours, j'ai vécu des moments étranges. Je me trouvais géographiquement dans un des lieux les plus isolés du monde civilisé qu'il me soit arrivé de connaitre et en même temps je me suis sentie, pendant quelques heures, hyper-connectée à ma vie sociale, citadine, « d'avant ». Jamais en trois ans, depuis que j'ai quitté la France, je n'avais pensé de cette manière aux relations que j'entretenais autrefois avec les personnes de mon entourage amical et professionnel. Tout ça à cause d'une soirée bien festive à l'issue de laquelle nous avons constaté, mon chéri et moi, en voulant rejoindre notre maison flottante, que la barque, que nous avions pourtant remontée bien haut sur la plage avant de l'amarrer à une poutre, dandinait paisiblement sur l'eau calme, à une dizaine de mètres du rivage, hors de notre portée. La marée de nuit est plus haute que la marée de jour, dans ces régions du monde, allez savoir pourquoi, mais nous étions sensés le savoir. Cette preuve du relâchement de nos habitudes de marins nous a plutôt amusés. Il était temps qu'on bouge de nouveau ! Justement, il s'agissait de la toute dernière sortie dans les nuits de Castro avant de reprendre la mer vers le sud. Mais quel rapport peut-il bien y avoir entre la marée de nuit à Chiloé un soir de janvier et le remue-ménage de souvenirs qui m'a traversée trois semaines plus tard, aux confins de la Péninsule de Taitao ?
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