Dans cette période étrange, chacun se raccroche à ses trucs pour faire face au vide, au plein, au trop ou au pas assez du confinement. Fumer comme un pompier, cuisiner à l’excès, ranger, surveiller les devoirs des plus jeunes, faire des pompes le matin, picoler le soir, lire avidement. Ou jardiner. Quand j'ai fait mon aller-retour vers la région parisienne avant que tombe le couperet qui allait nous immobiliser pour longtemps, je suis passée à la maison récupérer des choses. J'ai oublié mon stock de piles auditives (grrr) et j'ai pris trop peu de fringues (oops), mais j'ai bien pensé à embarquer mon stock de graines, y compris celles qui stratifiaient dans mon frigo pour encore six ou huit semaines (aucazoù).
Alors chaque jour ou presque je m'offre un petit plaisir, je sème quelque chose. C’est quasiment compulsif, c’est mon toc. Ça me rassure, me donne l’impression de construire quelque chose dans cette incertitude déstabilisante.
Le matin je me lève en me demandant ce que je vais semer. Durant la journée, j’étudie sur internet ou dans mes livres les spécificités des plantes, la préparation des graines, les modalités du semis. C'est nouveau pour moi! Je n'ai aucun instinct dans ce domaine, qui me semble vaste et complexe, voire mystérieux. Il était grand temps que je me penche sérieusement sur tout ce savoir à ingérer et j’ai bien de la chance, finalement, de pouvoir le faire ainsi, sans pression de production et à mon rythme.
Le soir je fais un résumé à la famille sur ce que j’ai semé ou ce que j’aimerai semer. Quand la plante est originale, je fais même un topo complet. Origines, cycle, besoins, culture, récolte, comestibilité ou utilité. Ça semble les intéresser... ou alors elles n'osent pas se moquer de ma lubie?
Gestes tentatifs vers une production alimentaire. Ça donnera quelque chose de peut-être vaguement comestible « pendant » ou « après » , selon le cycle de la plante et selon la durée de notre confinement. Parfois en très petites quantités et parfois dans plusieurs années.
Acte de confiance en la générosité de la biosphère.
Illustration : graines de Ricin, toxique et utile à la fois.
Finalement, tu ne fais qu'appliquer les conseils de Gilbert Montagné dans sa chanson "on va semer, dans un avion sur le pont d'un bateau,..." :-)
As-tu pensé a apporter ta guitare ?
Rédigé par : Yves | 26/03/2020 à 09:44
@ Yves : Mais oui, il y a beaucoup d'amour dans les semis !
la guitare, figure toi j'y ai pensé, en me disant que la confinement serait une opportunité de renouer avec elle, mais j'ai arbitré en faveur des graines, plus tournées vers l'avenir. Et puis il y a d'autres instruments de musique chez ma soeur.
Rédigé par : isabelle | 26/03/2020 à 14:17