Nous sommes vraiment incorrigibles. Avez-vous remarqué combien nous sommes accrochés aux chiffres quotidiens ? Nombre de cas détectés, d’hospitalisés, de décès, fournis à l’unité près, comparés avec les chiffres de la veille et comparés avec les autres pays. J’y suis prise moi-même, qui compulse compulsivement les graphiques et analyses. Et pourtant, une part de nous sait confusément que ce n’est pas correct.
Pas correct d’additionner et de comparer des mesures qui ne sont pas prises dans les mêmes conditions, on le sait, ça. Pas correct de mettre en avant certains de ces chiffres au risque de faire croire que tout le système de santé du pays est surchargé quand ce n’est pas le cas. Pas correct d’occulter les autres données de maladies et de mortalité, les chiffres non liés au COVID, les autres décès massifs auxquels on n’a jamais donné et on ne donne pas un centième de l’attention qu’on accorde à ceux-là. Pas correct d’utiliser un langage guerrier quand ce qui se passe est autre chose. Parce que c'est insultant pour les vraies victimes de guerres et de catastrophes et aussi parce que ce n'est pas de ça dont nous avons besoin.
J’ai envie de me réjouir dès maintenant du fait que le confinement a été suffisamment respecté, que les mobilisations de nouveaux lits, personnels qualifiés, respirateurs ont permis d’accueillir dignement la vaste majorité des cas graves, que les mouvements de malades ont suffisamment soulagé les zones en forte surcharge. Bravo et merci à tous ceux qui ont œuvré et oeuvrent encore dans ce sens.
Graphique par Jacques Anas, statisticien. Le nombre des hospitalisés et réanimations est celui que pour ma part j'ai rapidement considéré comme le seul pertinent à suivre en détail.
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