Je la croyais en train de procrastiner devant ses obligations universitaires mais elle avait mieux à faire, mieux pour son bien-être immédiat et finalement peut-être également mieux pour son avenir, car qui sait quelles orientations, quelles filières, vont survivre à la pandémie ? A quoi bon poursuivre un sujet de mastère dont on comprend bien que le terrain d’enquête et la matière même vont être complètement transformés par les restrictions de transport et les contraintes économiques auxquelles on peut s’attendre dans les prochains mois, sinon années ? Non, il y a mieux à faire. Ce n'est pas ma nièce de vingt-trois ans féministe et transgressive qu'on verra se faire violence pour honorer des échéances qui ont perdu leur sens.
En attendant que l’objet de recherche se modifie lui aussi au fil de nos échanges et de ses lectures, pour intégrer quelques dimensions de l’actualité, elle passe ses énergies et ses angoisses dans les arts. Sa maitrise du ukulélé monte en flèche, sa voix explore et prend de l’assurance, elle jongle ensuite avec les outils de montage sonore pour produire à elle toute seule une interprétation originale de chants traditionnels à plusieurs voix et plusieurs instruments et il sort de ses mains, ciseaux et colle des œuvres résonnant avec le chant. Juste magnifique, vous ne trouvez pas ?
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