Dans ma soif de contribuer et confrontée aux limites de ma propre situation, il m’est venu le phantasme que l’Etat (1) mettrait bientôt sur pied un grand programme d’amélioration des défenses immunitaires de la population, par des méthodes naturelles. Histoire de ne pas tout attendre de médicaments ou de vaccins qui n’existent pas lorsque l’agent pathogène est «nouveau».
Je lis en effet souvent, dans des articles de médecine officielle autant que dans des écrits de médecine alternative, que les défenses immunitaires d’homo economicus ne sont pas en très bon état, à grande échelle. Le développement planétaire des maladies auto-immunes et allergies en témoigne. On incrimine l’alimentation carencée que nous proposent l’industrie agro-alimentaire et l’agriculture productiviste, on incrimine les modes de vie sédentaires et on pointe le doigt plus récemment aussi vers la pollution par l’air, l’eau et l’alimentation. Depuis longtemps j'ai compris, ou disons enregistré et accepté comme exacte, la thèse selon laquel nous empêchons nous-mêmes notre organisme de corriger par lui-même ces facteurs multiples d’affaiblissement. Comment nous y prenons-nous pour saboter nous-même la capacité d’auto-nettoyage et de restauration de notre système immunitaire ? En privant notre système digestif (2) du repos dont il a besoin pour faire ce travail. Les trois repas par jour, copieux et variés sont une habitude des pays prospères qui n’est vieille que de quelques décennies et le programme génétique humain n’est pas prévu pour une telle abondance permanente.
Partout dans le monde, des pratiques de jeûne existent. Certaines ont perduré historiquement, comme dans des communautés religieuses : le carême catholique, le ramadan musulman ou le jeûne intermittent bouddhiste. D’autres se sont développées depuis quelques décennies dans le cadre des médecines dites naturelles, du bien-être à la naturopathie : jeûne intermittent, partiel ou complet, jeûne et repos ou jeûne et marche, jeûne en groupe avec ou sans suivi médical. Plus récemment encore, certaines pratiques du jeûne à visée thérapeutique sont officiellement proposées ou mises à l’étude dans les établissements de santé, cliniques, CHU, hôpitaux, occidentaux. On propose en Allemagne des cures en clinique de jeûne prises en charge par les mutuelles, on teste aux États-Unis l’effet d’une forme de jeûne intermittent associé à la chimiothérapie en oncologie. Le point commun de toutes ces pratiques est la mise au repos du système digestif ce qui reflète, d’une certaine manière les pénuries alimentaires saisonnières ou circonstancielles auxquelles l’espèce humaine, comme toutes les espèces était et est toujours génétiquement accoutumée. (3)
Le jeûne intermittent ou jeûne séquentiel consiste à supprimer l’alimentation solide et les boissons sucrées le matin pour étendre la plage horaire entre la dernière prise alimentaire du soir (par exemple 21h ou 22h) et la première du jour suivant (par exemple 12h ou 13h). On peut étendre la plage horaire de repos digestif pour plus d’efficacité et aussi supprimer le diner au lieu du petit déjeuner. C’est une méthode très facile à mettre en œuvre, qui ne coûte rien et qui, dans une vie confinée où les besoins caloriques sont réduits, permet même de limiter le risque de prise de poids.
Il me prend la lubie d’imaginer un vaste protocole d’expérimentation par lequel, à la prochaine pandémie, une cohorte d’expérimentation serait constituée pour s’engager à jeûner 14 ou 16 heures par jour, 5 à 7 jours par semaine, durant toute la période épidémique. Histoire d’en avoir le cœur net. Je suis bien consciente que cette perspective est pessimiste, car elle présuppose qu’il y aura d’autres pandémies. Et je sais qu'il existe encore des controverses sur le sujet (4).
Ma pratique personnelle du jeûne remonte à plusieurs années, je l'ai adaptée en cette phase de confinement. Jeûne quotidien de 14h (ou plus), poussé à 23h ou 24h deux fois par semaine. La délicieuse sensation de légèreté induite par une infime faim délibérément choisie est devenue ma compagne de tous les jours.
Bien entendu, cela ne me dispense absolument pas de pratiquer les gestes barrière.
Et vous ? Que faites-vous pour soutenir votre système immunitaire ?
- Tous les Etats même, puisque l’ère des pandémies concerne l’ensemble de l’humanité
- Pour celleux qui n’ont pas encore été éclairées sur le lien qui existe entre système digestif et système immunitaire, je recommande chaleureusement la lecture édifiante et amusante du livre « Le Charme Discret De L’intestin » de Giulia Enders.
- Etablir la preuve scientifique d’une relation de cause à effet entre une pratique alimentaire et l’amélioration du fonctionnement de quelque chose d’aussi complexe que notre système immunitaire nécessite la mise en place de protocoles particuliers et des fonds non rétribuables par les profits issus de la démonstration. On comprend donc pourquoi il y en a si peu, dans notre monde orienté vers le profit. Pour celleux qui voudraient mieux comprendre le lien qui existe entre jeûne et recherche scientifique, je recommande vigoureusement la lecture édifiante et passionnante du livre « Le Jeûne, une nouvelle thérapie » de Thierry De L'Estrade.
- Qui croire ? Les praticiens des médecines naturelles (5) et certaines voix de la médecine institutionnelle (6, 7) qui suggèrent la possibilité de renforcer nos systèmes immunitaires par diverses méthodes, notamment alimentaires, quand bien même elles ne seraient pas encore « scientifiquement prouvées » ou bien ceux qui qualifient parfois très durement ces méthodes? Dans ce débat sensible, il me semble utile de rappeler que manque de preuves scientifiques n’équivaut pas à une preuve d’inefficacité. Ce manque provient très largement des manières de conduire la recherche qui prévalent en occident et notamment des modes de financement de la recherche. Quand il n’y a rien à gagner au bout du chemin, il est presque impossible pour un labo de trouver les fonds permettant de conduire une recherche qui soit à la hauteur des exigences scientifiques actuelles. Lesquelles ne sont pas exemptes de biais non, plus.
- https://ymaa.com/articles/2020/04/the-coronavirus-crisis-a-time-for-us-to-awaken
- https://www.senioractu.com/Le-jeune-sequentiel-pour-reduire-les-risques-de-coronavirus_a22511.html
- http://www.sante-et-nutrition.com/quelle-alimentation-contre-le-coronavirus-covid19-complement-alimentaire/
Super intéressant l'article, merci !!!
Votre blog est super j'en cherche d'autres comme celui-ci mais les bons blogs restent difficile à trouver.
Rédigé par : Louis135 | 07/05/2021 à 12:29
@ Louis,
Je garde le compliment, au cas où il soit sincère, mais j'ai retiré les liens promotionnels. Je ne consens pas à que mon propos sur l'immunité naturelle soit récupéré pour faciliter la vente de produits médicaux. Vous comprendrez, j'espère.
Rédigé par : Isabelle | 08/05/2021 à 11:22