Première leçon de tracteur. Un tout vieux coucou qui doit avoir mon âge, des freins défaillants, un embrayage hésitant et une direction violente, mais le principe est là et si j’arrive à maitriser celui-ci, alors tout autre engin de cette famille me semblera facile à manier. L’exercice consistait à saisir dans le pré, par la fourche arrière, chacune des douze balles de foin de 300kg pour les transporter jusqu’au hangar et les aligner correctement et je m’en suis sortie honorablement, améliorant mes manœuvres et augmentant un peu la vitesse au fil des allers-retours.
J’avais refusé de piloter le fauchage, l’autre jour, ça me semblait un peu trop technique pour une première foi. J’étais restée derrière la lame, avançant à petits pas, un bâton à la main pour aider l’herbe à s’incliner dans le bon sens et à se dégager vers l’arrière. Car une faucheuse attelée à un tracteur c’est comme une tondeuse, ça bourre si l’herbe est trop humide. Mais ça nous ne l’avons découvert qu’au fil des heures, quand, avec le soleil qui cognait, la tâche est devenue de plus en plus facile. La prochaine fois, on fauchera l’après-midi !
Nous avons envisagé de faner à la main, mais l’ampleur de la tâche, même pour un seul hectare fauché, nous a donné le vertige, surtout au moment du pic de travail dans la serre maraichère. Alors les exploitants voisins sont gentiment passés trois ou quatre fois en deux jours pour brasser mécaniquement l’herbe afin qu’elle sèche bien, et puis Claire est venue le troisième jour avec une énorme botteleuse et a emballé le foin en quelques dizaines de minutes.
Ça nous aurait pris une semaine, à deux, de tout faire à la main. Au moins. De nos jours, il n’est pas courant de pouvoir rassembler plusieurs dizaines de paires de bras pour faucher à la main, faner, fabriquer des bottes et les transporter vers la grange, en profitant de quelques jours sans pluie. Je me suis fait raconter comment ces travaux-là ont été autrefois effectués en traction animale. Intéressant. Dommage que les machines et les bêtes capables de cela n’existent plus, je crois bien. On y reviendra peut-être lorsque le pétrole sera vraiment épuisé, mais en attendant, mon jugement est fait : autant l’usage de l’avion de loisir devrait être, à mon avis, progressivement restreint jusqu’à l’interdiction pure et simple, autant les agriculteurs devraient se voir allouer des quotas raisonnables d’esclaves énergétiques pour assurer quelques opérations annuelles pertinentes.
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