Ces derniers temps, plusieurs personnes m’ont demandé où j’habitais. Et j’ai éprouvé une sorte de petite jubilation à me trouver bien embarrassée pour répondre à cette question. A la fois embarrassée et ravie. Non pas ravie de mon embarras mais ravie de réaliser que je vis avec tranquillité et même une joie certaine cette phase de ma vie dans laquelle je n’habite nulle part.
Le bateau qui fut mon domicile flottant pendant cinq ans et demie est au sec, mis à la vente. Il n’est plus un domicile envisageable, alors qu’il aurait pu l’être, une base vers laquelle revenir après chaque virée vers les personnes chères, vers mes lieux d’apprentissage et vers les lieux d’installation possible. C'est ainsi.
La maison dont les loyers ont presque suffit à financer cette vie de voyage en couple et en bateau est toujours en location et finance aujourd’hui ma vie d’apprentissage et de recherche. Il ne me reste que l’usage d’un espace sous combles encombré de trop d’affaires entassées et dont l’unique velux piqué de moisi ne donne même pas une vue correcte sur les nuages.
Aujourd’hui je n’ai rien vers quoi revenir, aucun lieu où je me sente chez moi, juste des lieux où je me pose, temporairement, sans m’installer. Le grenier de mes locataires, la maison de ma sœur en Bretagne, la ferme La Bécarie où j’apprends l’agriculture naturelle, la ferme Rangarnaud où je me mêle aux prémices de la formation d’une possible communauté de type « éco-village » et j’ai en vue d’autres endroits, pour les prochains mois. Il y a aussi les domiciles de mes ami.es, qui semblent toujours ouverts pour moi.
Je me déplace d'ici à là avec mon petit van aménagé, un assortiment jamais parfait de vêtements et de vaisselle, quelques livres et souvent des plants, une botte de jonc. Je suis celle qui passe. Cette nouvelle forme de flottement ne me pèse pas, finalement, au contraire. Comme si une part de moi avait envie de bouger encore un peu, avant qu'arrive le jour où, commençant à cultiver une terre, je deviendrai celle qui reste.
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