En ces temps compliqués de mesures sanitaires pour la société et de nomadisme pour moi, j’ai poursuivi la chimère de démarrer une petite pépinière. Alors évidemment, l'opération prend une forme délocalisée, voire multi localisée. J'ai abandonné avec un pincement au cœur mes premiers semis de l’hiver, pour aller confiner en Bretagne, emportant les graines encore stratifiées qui du coup ont voyagé de frigo en frigo, entre la région parisienne, la Bretagne, le Limousin et retour.
Malgré cette approche multisite, les pertes sont minimes, j'en suis émerveillée. Les petits sont maintenant quarante, de quinze espèces différentes: ginko, noisetier de Byzance, aulne cordé, figuier blanc, frêne, cornouiller de l’Himalaya, noyer noir, bouleau, figuier blanc, pêcher, etc… certaines étiquettes s'étant perdues, ou décolorées, un petit mystère plane sur quelques plants.
Démarche modeste, me voilà donc accumulant, d’une manière un peu chaotique, tout à la fois l’ébauche d’une collection plus opportuniste que planifiée, et des bribes d’expérience de multiplication des plantes vivaces dont les exigences et le tempo sont assez différents de ceux des plantes annuelles. Ainsi, tout comme le potager de confinement m’avait servi sans que j'en aie vraiment conscience, de galop d'essai avant le maraichage professionnel, cette pépinière intermittente et amateure me prépare, un peu plus consciemment, à aborder la dimension professionnelle de l’activité. L'an prochain ?
Exercice intermittent, paradoxalement exercice de continuité et de long terme. Mon corps enregistre combien les arbres nécessitent moins de soin que les légumes, même s’ils poussent plus lentement et prennent infiniment plus de temps pour fournir à manger. Et ma vison de ma future activité agricole continue à s’affiner, à prendre chair.
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