Un de mes patrons, anglais, charismatique et ambitieux, avait pour habitude d’illustrer sa notion des différents niveaux d’engagement en comparant les situations respectives de la poule et du cochon dans l’œuf au bacon du petit déjeuner. « La poule est concernée (involved), le cochon est impliqué (committed) », disait-il. J’avais la naïveté à l’époque de sourire d’un air entendu à ce "bon mot", mais ce n’est que plus tard que j’ai commencé à saisir vraiment la portée de la comparaison.
Comme beaucoup d’entre nous, membres privilégiés de sociétés prospères, j’ai longtemps vécu et mangé en omnivore sans songer à l’acte de tuer qu’implique la consommation de viande. Je n’ai jamais su où était l’abattoir le plus proche de mon domicile, je n’ai jamais sentir l’odeur qui s’en dégage, je n’ai jamais vu ni entendu les animaux stressés à l’approche de la fin. Je n'avais aucune pensée douce envers les humain-es qui accomplissent cette tâche pour nous en dispenser. Les histoires de lapin dépiauté comme on retire un pyjama me laissaient juste un petit frisson. On ne voyait pas encore d'images des usines à viande qui parlent aussi des conditions d'élevage, donc je n'y pensais pas non plus.
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